
STATUT BRETAGNE
« Trist eo da lavaret marteze, met seul vui e vez klasket tizhout un niver bras a dud, seul vui e vez ret simplaat, eeunaat an danvez kinniget… »
Par certains côtés on peut le penser, mais c’est loin d’être aussi simple, et il y a des « choses » de très grande qualités qui ont une large diffusion.
Sur la durée, les « choses » de mauvaise qualité mais qui ont eu un succès, parfois un très grand succès, finit par disparaître.
Dans le domaine francophone, par exemple, des chanteurs comme Jacques Brel, gardent une assez grande notoriété, tout en ayant été des auteurs exigeants.
Dans le domaine anglosaxon, il y en a beaucoup : les Beatles, etc.
Le problème est plutôt que certaines langues donnent un accès à une grande notoriété plus facilement que d’autres : l’anglais en premier lieu, et peut-être même seulement l’anglais, les autres langues ayant du mal a dépasser les frontières dans lesquelles elles sont parlées, même le français, l’allemand, le japonais, le chinois ou l’arabe.
La chanson françaisse est par exemple très peu difusée en dehors du domaine francophone (c’est un constat, et je ne m’en plaint pas !)
Qui connaît des chanteurs allemands, japonais, chinois, russes ?
Le problème est encore plus délicat pour les langues peu répandues et en situation difficile comme le breton, le gallois, le basque, etc.
On le voit en france, les radios ne diffusent pratiquement que du français (elles en ont l’obligation !) et de l’anglais, les autres langues ne représentant guère q’ 1 ou 2 % du total.
La notoriété dépend dont en grande partie de la langue dans laquelle on chante, et n’est pas seulement une question de qualité.
Faire dépasser à la création en breton, quels que soit le domaine artistique (littérature, chanson/musique, cinéma, … ) les frontières de la Bretagne est donc un combat difficile et sans cesse à renouveler.
« Padal ez eo sklaer em spered an diforc’h a zo d’ober etre ho labour hag hec’h hini… Ha kement-mañ a zispleg ‘kred din (evit ul lodenn d’an nebeutañ) perak ne dremenit ket c’hwi lec’h ma tremen-hi. »
N’eo ket ken sklaer evidon-me ! D’am soñj, ar memes pal a zo gant Alan ha gant Nolwenn.
« Setu perak e lavaran e vank youl da zifenn o yezh hag o sevenadur gant ar Vreizhiz… Ma vefent mennetoc’h e vefe disheñvel an traoù, sur !
Hag anavezout a rafent gwelloc’h ar pezh a rit hag an nerzh a lakait en ho oberennoù ivez, anat ! »
Gwir eo ! That’s right ! C’est vrai !
Mais ça vient essentiellement de l’école et des medias, dans lesquels sont plongés les Bretons. Et aussi en partie de l’évolution de la société.
Mais justement, ce qui est fondamental pour faire changer les choses, c’est bien de généraliser l’enseignement du breton, et ça doit être le premier des combats, celui qui amènera les autres changements. Tant que les Bretons seront des « français » monolingues, ils ne « bougeront » pas beaucoup » !
Ce qui permet d’être optimiste, c’est que le breton a réussi à s’implanter fortement dans l’école, en premier lieu grâce à Diwan, à petite échelle pour l’instant, mais déjà suffisante pour permettre au breton de survivre et même de vivre.
14 000 élèves en classes bilingue, ce n’est pas rien, quand on a commencé avec 5 élèves seulement !!
Il faut arriver à 50 00, puis 100 000, puis 200 000 …
Le problème de la langue est certes essentiel mais ce n’est pas un cas isolé, ni en France, ni en Europe.
« Alwenn »« Alwenn »
Mais ça vient essentiellement de l’école et des medias, dans lesquels sont plongés les Bretons. Et aussi en partie de l’évolution de la société.
Je relève trois points :
1- l’école
2- les médias
3- l’évolution de la société
À mon sens, il en manque un, qui est essentiel : à la maison et dans la vie de tous les jours.
Les autres points peuvent être sujet à controverse.
J’ai un peu étudié le cas de l’Irlande et du gaélique.
En Irlande, le gaélique est :
– Langue officielle
– Enseigné de manière obligatoire dans les écoles jusqu’au bac (ou son équivalent)
– Des médias tant écrits qu’audiovisuels existent en gaélique
Malgré tout, les différentes études montrent que le gaélique perd du terrain. En revanche les Irlandais y sont sentimentalement attaché : lorsqu’un ministre (pourtant parfaitement bilingue) a proposé de supprimer son enseignement obligatoire, il y a eu des manifestations importantes dans les rues…
Il reste donc un problème, le problème de l’évolution de la société.
On tend, de plus en plus, à se tourner vers ce qui est utile (ou utilitaire).
Il y a quelque temps, il y a eu en Grande-Bretagne un débat concernant l’enseignement de la langue française.
Je ne me souviens plus si c’est un ministre ou autre qui a dit que le « français n’était pas utile ».
Il faut prendre garde au facultés d’adaptation de chacun, elles sont, finalement, trop élevées et permettent d’assimiler les éléments de culture des autres qui vont annihiler nos propres éléments de culture (on remarquera avec intérêt que, lorsqu’on parle d’immigration en France, on parle d’intégration et d’assimilation : je ne te veux pas de mal, mais JE ne change pas et TU adopte MA culture).
On regardera plus près de nous l’enseignement des langues dans les lycées et collèges. Tout le monde fait de l’anglais et les autres langues sont délaissées. J’habite en région frontalière de la Suisse et de l’Allemagne, il n’y a cependant bientôt plus de classes d’allemand !
Il faut donc garder à l’esprit deux points :
– une langue doit être utilisée dans la vie de tous les jours, sinon, c’est une langue morte
– une culture n’a pas de côté utilitaire…
je pense que nous sommes à peu près d’accord sur tout.
Mais avant l’aval, il y a l’amont: la sensibilisation de la majorité.
Mon chemin par les mass media a fait bougé les choses. Parce que j’ai réussi à atteindre le grand nombre, surtout dans les années 72-75, en y passant très honorablement. Dans les années 93-95, on a pu m’y revoir un peu, encore un petit peu autours de février 2012.
On pourrait m’y voir ou m’y entendre beaucoup plus, par exemple si les presque 1000 « stivellnautes » écrivaient à France-Inter, RTL, Europe 1, TF1, France 2, pour exiger que j’y sois régulièrement, et autant que si j’avais le même succès, ni plus ni moins, mais avec des chansons seulement francophones et plus formatées.
« Jean-Luc »« Jean-Luc »
Je relève trois points :
1- l’école
2- les médias
3- l’évolution de la sociétéÀ mon sens, il en manque un, qui est essentiel : à la maison et dans la vie de tous les jours.
Les autres points peuvent être sujet à controverse.
J’ai un peu étudié le cas de l’Irlande et du gaélique.
En Irlande, le gaélique est :
– Langue officielle
– Enseigné de manière obligatoire dans les écoles jusqu’au bac (ou son équivalent)
– Des médias tant écrits qu’audiovisuels existent en gaéliqueMalgré tout, les différentes études montrent que le gaélique perd du terrain. En revanche les Irlandais y sont sentimentalement attaché : lorsqu’un ministre (pourtant parfaitement bilingue) a proposé de supprimer son enseignement obligatoire, il y a eu des manifestations importantes dans les rues…
Il reste donc un problème, le problème de l’évolution de la société.
On tend, de plus en plus, à se tourner vers ce qui est utile (ou utilitaire).
…Il faut donc garder à l’esprit deux points :
– une langue doit être utilisée dans la vie de tous les jours, sinon, c’est une langue morte
– une culture n’a pas de côté utilitaire…
Il est certain que là où la présence de la langue est le plus fondamental, c’est la « maison », le foyer familial. C’est d’ailleurs là où la langue résiste en dernier lieu. Mais quand la langue a quitté les autres espaces de la société et qu’elle n’est plus parlé qu’à la maison, elle est condamnée quand en face il y a une langue dominante qui est imposée à l’école et dans les media. C’est une loi assez universelle ! Et c’est ce qui s’est passé en Bretagne (et dans les autres pays celtiques)
Et quand la langue a fini par disparaître de la maison, ele ne peut pas y réapparaître de façon spontanée, il n’y a pratiquement que l’école qui peut la faire réapparaître, comme la langue dominante s’est imposée par l’école. L’école est donc le meileur (le seul ?) moyen de reconquête, avec pour objectif que la langue finisse pas revenir dans la maison, et dans tous les autres espaces de la société.
Pour l’instant le breton n’est pas beaucoup réapparu dans les maisons parce que la génération « intermédiaire » ne parle pas breton. Il faudra attendre les générations d’enfants qui auront des parents bilingues.
Il faut aussi que l’école transmette une « conscience » bretonne, et pas seulement la langue, même si cette conscience naît en grande partie par la langue elle-même.
Transmettre cette conscience bretonne serait d’ailleurs un des moyens de combattre l' »utilitarisme » de notre époque. Mais cet « utilitarisme » peut aussi jouer en notre faveur : le bilinguisme est « utile » dans la mesure où il permet une meilleure maîtrise des langues, c’est d’ailleurs au départ notre principal « argument », car les Bretons ne vont pas massivement faire apprendre le breton à leurs enfants pour des raisons « culturelles ».
Donc, en l’occurence, vive l' »utilitarisme » !
Ensuite à nous de développer la culture, car la culture donne du « prestige » et une image attrayante à une langue. C’est ce qui a manqué au breton par le passé, et c’est une des raisons de son abandon par les Bretons. Le « prestige » et l’ « attraction » étaient du côté du fançais.
Et c’est là le rôle majeur des artistes, d’Alan à Nolwenn Leroy : donner du prestige à la langue, la rendre attrayante, désirable autrement que pour des raisons « utilitaires ».
D’où aussi l’importance de passer dans les media « grand public ».
Il y a heureusement des chanteurs et des chanteuses de grande qualité en Bretagne, mais qui n’ont pas une grande notoriété et qui ne passe pas dans les media « français » qui n’ont objectivement aucune raison de les passer : parce que les media français au mieux se désintéresse de la langue bretonne, quand il ne lui sont pas hostile !
Il n’y a donc que le public qui peut pousser ces media à diffuser de la musique bretonne et à inviter des artistes bretons.
Quand Nolwenn a sorti « Bretonne », on lui a dit au départ : pas de breton à la télé, et c’est le succès public qui lui a permis de chanter en breton à la télé.
Pour ce qui est du gaélique, il doit y avoir des raison « objectives » qui permetent d’expliquer qu’ils ont (pour l’instant ?) échouer là où les Israéliens ont réussi avec l’hébreu. Les Gallois se débrouillent mieux avec leur langue que les Irlandais, pourtant ils sont confronté à la même langue : l’anglais !
« Alwenn »« Alwenn »
Il faut aussi que l’école transmette une « conscience » bretonne, et pas seulement la langue, même si cette conscience naît en grande partie par la langue elle-même.
Ça, j’ai bien peur que cela ne puisse pas se faire.
Il est douteux que l’école de la République, même si elle accepte ou favorise la langue et la culture bretonnes (on en est loin), aille jusqu’à transmettre une « conscience bretonne ».
Si l’école, en Bretagne, transmet une conscience bretonne, que fait-on des non-bretons qui vivent en Bretagne ?
Le problème n’est pas simple.
déjà, si François Hollande ne revient pas sur sa promesse de signer la Charte européenne des langues, comme sa promesse de renforcer les pouvoirs régionaux, une étape importante aura été franchie. Il y aura alors un peu d’espoir possible.
« Jean-Luc »« Jean-Luc »
« Alwenn »« Alwenn »
Il faut aussi que l’école transmette une « conscience » bretonne, et pas seulement la langue, même si cette conscience naît en grande partie par la langue elle-même.Ça, j’ai bien peur que cela ne puisse pas se faire.
Il est douteux que l’école de la République, même si elle accepte ou favorise la langue et la culture bretonnes (on en est loin), aille jusqu’à transmettre une « conscience bretonne ».Si l’école, en Bretagne, transmet une conscience bretonne, que fait-on des non-bretons qui vivent en Bretagne ?
Le problème n’est pas simple.
La « conscience » bretonne passe par la conaissance de la langue, de la culture, de l’histoire, principalement.
Elle se transmet donc d’une certaine façon dans les écoles bilingues de la « république ». Les élèves, connaissant la langue, ont ensuite accès aux médias en langue bretonne, et sont de toute façon sensibilisés au fait qu’il existe « quelque chose » en dehors du français.
La volonté de l’Etat français de détruire la langue bretonne (et les autres langues) vient du fait que la « possession » d’une autre langue induit une résistance à la domination française. Les territoires qui « résistent » sont ceux qui possède une langue propre. Donc enseigner la langue et surtout la faire aimer conduira de toute façon à cette conscience bretonne, école de la « république » ou pas.
« que fait-on des non-bretons qui vivent en Bretagne ? »
Rien de particulier ! Que fait-on des non-français qui vivent en france ?
« Alwenn »« Alwenn »
« que fait-on des non-bretons qui vivent en Bretagne ? »
Rien de particulier ! Que fait-on des non-français qui vivent en france ?
*Je* comprends bien mais je ne rêve pas non plus… et comme je ne siège pas (encore) au Conseil d’État…
Du point de vue de la constitution française, on ne peut pas mettre sur le même plan des étranger qui étudient en France avec des Non Bretons qui étudient en Bretagne. Ce que rend assez bien l’arrêt du Conseil d’État dont je parle plus loin (il est dit, ce qui montre bien où se situent les craintes : « qu’il ne faut pas confondre l’enseignement des langues régionales avec l’enseignement en langues régionales » et encore « que des dispositions qui aboutissent à faire de la langue française, dans des établissements publics d’enseignement, une langue seconde, sont contraires à l’esprit des lois invoquées et de la Constitution ».
Mais n’oublions pas que la France est pour l’instant une République centralisée (entendre non fédérale).
Je crois qu’il serait coriace d’enseigner une *conscience bretonne* dans l’*école de la république*.
Tant qu’il ne s’agit « que » de langue, ça passe encore.
On notera qu’en 2002, le Conseil d’État (saisi par l’Éducation Nationale), a rendu un arrêt ne permettant pas aux écoles Diwan de passer sous statut public alors que Jack Lang, ministre à l’époque, avait signé un accord dans ce sens.
Martine Aubry avait proposé pendant la campagne que l’enseignement du breton devienne la norme, et que les parents qui refusaient devaient en faire la demande. On inverse ainsi les choses : au lieu que la demande soit l’enseignement, là c’est le refus qui devient la demande et qui exige une démarche des parents. Psychologiquement le rapport est inversé. La norme devient l’enseignement du breton, son non-enseignement devenant l’exception.
C’est à cela qu’il faut aboutir, et qu’une candidate socialliste l’ait proposé est déjà un pas important, c’est clairement vers cela qu’on se dirige – qu’on doit se diriger.
Et cet enseignement doit être bilingue ou immersif, de préférence immersif.
A partir de là la question Breton, non-Breton ne se pose pas vraiment. Des non-Bretons peuvent souhaiter cet enseignement, et des Bretons le refuser !
Si la Charte européenne est signée, ce qui a été promis, le conseil d’Etat aura moins de pouvoir de nuire. Et il en aura d’autant moins que la langue se développera.
Pour l’instant il jouit du fait que la langue n’est pas suffisament forte, mais ça peut changer dans l’avenir !
La charte européenne a été signée mais non ratifiée. Sa ratification a été empêchée par une décision du Conseil Constitutionnel…
Pour la ratifier il faudra donc une modification de la Constitution.
Mais effectivement, ce serait (sera) le point de départ. On est le seul pays européen où les langues celtiques/gaéliques n’ont pas de statut officiel.
Je fais toujours l’ereur : signer/ratifier !
On sait qu’il va y avoir de la resistance pour modifier la constitution, à droite, et à … gauche !
Signer est un engagement politique personnel.
Ratifier est une action démocratique (normalement).
Il devrait normalement y avoir une modification de la Constitution pour intégrer quelques « bricoles » que Hollande a promises.
Il faut effectuer un lobbying intense auprès de ceux qui lui sont proches (et qui sont attachés à la Bretagne – entre autres, car il y a d’autres langues régionales) pour que ce point-là soit intégré à la Constitution lors de la prochaine révision.
C’est finalement assez urgent parce qu’on ne fait pas de révision de la constitution tous les ans.
Remarque complémentaire : la Constitution actuelle commence « un peu » à dater. Les révision successives en font un véritable patchwork. Il serait peut-être temps de penser à une sixième république avec des institution modernes, adaptées à la réalité d’aujourd’hui.
Tout à fait d’accord. Mais une modification dans ce sens de la constitution me paraît malheureusement encore très utopique. On tourne vraiment en rond dans cette histoire…