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(@import)
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En réaction à vos articles dans votre Blog 2, notamment ceux concernant l’identité…

Je trouve aussi idiot de dire de quelqu’un qu’il/elle est breton/ne, en se basant simplement sur le fait d’une naissance en Bretagne. Il y a quelque temps, on m’a reproché mes idées (à savoir : autonomie, et surtout reconnaissance du peuple breton). La personne en question m’avait dit qu’elle « connaissait des bretons qui, fort heureusement, n’avaient pas ma vision des choses ». Vision qui, selon lui, est enfermée dans un passé historique totalement révolu, et qui n’est pas en accord avec les attentes citoyennes du 21ème siècle. Bien sûr je veux bien accepter que des gens, bretons dans l’âme, peuvent aimer la Bretagne simplement en tant que « région française » et non en tant que nation. Mais caractériser de « bretons » des gens parce qu’ils sont nés en Bretagne, je trouve cela déplacé de la part des français… Surtout quand on voit que la plupart des gens de couleur sont rarement considérés comme français, malgré une naissance en France.
Je me suis rendu compte de cette différence il y a une poignée d’années, au lycée. Lorsqu’un nouvel élève débarquait tout droit de Vannes. Je me faisais une joie de l’accueillir, et j’avais décidé, si possible, de m’en faire un ami.
Je suis malheureusement tombé de haut, lorsqu’il s’est ouvertement moqué de mon intérêt pour la musique bretonne, et particulièrement pour votre oeuvre, Alan. Avec comme simple explication qu’écouter la même musique que ses parents ou ses grand-parents était « ringard ».
Tout cela pour dire que faire parti d’un peuple ce n’est pas naître sur le sol qu’il occupe. Appartenir à telle ou telle ethnie, c’est adhérer à un mode de pensée, à un mode de vie plus ou moins différent, etc…
Aujourd’hui aimer (je ne sais pas si « aimer » est vraiment le mot) une nationalité autre que française est quasiment considéré comme un crime. Si on est français, alors on se doit d’aimer la France par-dessus tout. Si on a l’audace de se sentir plus basque, corse, breton (…) que français, la réaction la plus courante est « Allez voir ailleurs si la vie est plus belle ». La France est placée sur un piédestal, à telle point qu’aujourd’hui un français « typique » est persuadé de vivre dans le plus beau pays du monde, dans le pays des droits de l’homme, dans le pays dont tous les autres peuples peuvent être jaloux.
C’est bien dommage car cela entraîne un aveuglement alarmant… Les français ne voient pas l’importance de ce qu’il se passe sur leur territoire, ne décèlent pas les injustices habilement masquées, les discriminations maquillées en actes patriotiques…

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Posté : 08/04/2010 11:40 pm
 alan
(@alan)
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Et oui, le monde tournerait plus rond si les gens étaient moins complexés et ignorants. Pas facile de changer ça…
Dans un lycée ou une école, il n’y a qu’une petite minorité, suffisamment intelligents et décomplexés, pour ne pas exprimer de reflexions aussi vides de sens que « apprecier la musique aimée par ses parents, c’est ringard ». L’absurde étant, dans le cas me concernant, que les musiques que je crée maintenant sont bien différentes de celles qu’ont aimé des gens il y a 3 décennies. Et la génération de vos parents peut parfois ne pas apprécier (si elle n’a pas été à l’écoute de l’évolution des sons, des techniques et des goûts).
Heureusement, même en Bretagne, je vois dans mes salles aussi des jeunes bretons qui me disent apprécier. Tous les bretons ne sont pas complexés et étroits d’esprit.
Pour en venir à la naissance, un sondage il y a quelques années établissait à un breton sur deux la proportion de ceux qui consideraient le lieu de naissance comme le plus important, ou pas, dans l’identité bretonne. Je trouve que c’est déja pas mal, seulement 50% de niais ou incultes. 2 ou 3 décennies plus tôt, ils auraient été majoritaires.
Mais privilégier le lieu de naissance va avec une vision très myope de la Bretagne, qui n’est, pour eux, qu’une région géographique, qu’un lieu, rien d’autre, à part les crêpes et le beurre salé.

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Posté : 09/04/2010 12:03 pm
(@import)
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Il est vrai que des titres comme ceux de Reflets sont difficilement comparable à d’autres comme par exemple Goadec Rock. Je veux bien sûr parler là de l’évolution du son et des technologies. Je suis persuadé que la partie instrumentale de Goadec Rock peut en surprendre beaucoup, et démontre à quel point la musique bretonne peut marier ancienneté et modernité.
Bien sûr, certaines personnes peuvent être attirées par ce côté rock que l’on retrouve dans votre oeuvre sans pour autant entretenir d’affection pour d’autres aspects, plus « trad ». Mais après tout, je pense que l’éclectisme est fait non pas pour plaire à tous, mais pour réunir d’une certaine façon des groupes de gens ayant des goûts différents. Enfin, c’est ma vision des choses…
J’adore le rock celtique. Lorsque je tombe sur de la musique celtique électro, à la façon par exemple d’Afro Celt Sound System, j’adore. Lorsque la musique celtique se teinte de musique orientale, j’adhère totalement. Pourtant je n’ai jamais écouté de rap français (ou américain, ou autre…), je n’ai jamais éprouvé d’attirance pour le rock pur et dur avant de me mettre à la musique celtique.
En quelque sorte c’est la musique celtique et toutes ses influences qui m’a permis d’apprécier des styles différents. J’aime autant la harpe que la flûte, que la guitare électrique, que la cornemuse, que les synthés…
C’est cet aspect universel et intemporel de la musique qui devrait toucher les gens et dépasser les préjugés.

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Posté : 09/04/2010 5:19 pm
(@import)
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Il me semble indéniable que la vraie identité, c’est la culture. Je suis normand et quand j’ai découvert la musique celtique au début des années 70, j’ai tout de suite trouvé que c’était « ma » culture. Je n’ai jamais pu adhérer à tout ce qui est Français, à commencer par cette arrogance, souvent propre à nos concitoyens, et ce sentiment d’être les meilleurs, dont tu parles Loarwenn. Personnellement, je n’ai jamais aimé la chanson française, alors que j’adore les musiques orientales, andines, etc.
Par contre,  il me paraît difficile de parler de LA culture française. Souvent ce qu’on appelle culture française est de la culture parisienne diffusée à tout prix par les média. et maintenant, et c’est vraiment grave, c’est la « culture TF1 » autant dire de la m….Dans le même temps, je trouve qu’on assiste à une déculturation épouvantable et les gens « désapprennent » ou n’apprennent plus. On pouvait s’y attendre : quand on regarde des télés débiles à longueur d’années, on désapprend, on ne s’intéresse plus qu’à ce qu’on voit et le champ de vision, d’ouverture et de tolérance se rétrécit. A mon avis, ceci était programmé et on a entretenu ce phénomène en haut lieu pour abrutir les masses ; les Romains parlaient de « panem et circenses »pour maintenir leurs masses sous domination, maintenant, on assiste à du « sexum, drogam  et TF1 », ça occupe les masses (les 50% dont parle Alan ?). Donc il ne faut pas s’étonner du constat que tu fais si justement Loarwenn, et je crois maheureusement que tu n’as pas fini d’être déçu…

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Posté : 09/04/2010 10:36 pm
 alan
(@alan)
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on sait que le machavielisme existe. Mais je le crois très marginal.
Avant de découvrir le Show-business, quand je suis entré chez Philips, j’étais persuadé (peut-être un peu de parano) que tout y était produit avec des reflexions poussées, en psycho et socio., pour vendre plus. Je me suis aperçu que c’était fait au feeling et dans la rapidité. J’ai découvert aussi que les dirigeants avaient des goûts artistiques personnels, en général, pour la bonne musique, la poésie, etc. Ils étaient heureux donc de donner une certaine place à la musique classique, au jazz, à Brassens, Boris Vian, puis…moi-même. C’était leur plaisir et les déculpabilisait sûrement. Ils estimaient comme une fatalité qu’une « masse de gens » était d’un niveau culturel très bas et qu’il fallait leur donner du Sheila, etc. Que les Beatles, puis moi-même (excusez la comparaison, mais il faut faire vite) aient vendus autant, parfois plus de disques que la variette, montrant qu’il y avait place pour une musique populaire sophistiquée, ça n’entrainait pas de reflexion de leur part autre que voir ça comme des bizarreries ponctuelles.
Cet état d’esprit qui relève d’un manque d’analyse, ou d’une malvoyance, est toujours le lot commun des responsables de grands media teles-radios. Et même des intellectuels et journalistes n’ont jamais abordé la Culture que binaire: « grande culture » et « entertainment », jamais de manière ternaire: culture de tradition élitiste, culture d’origine populaire sophistiquée, variette.
Je crois donc à une ignorance doublée d’un fatalisme, doublés de l’appât du gain rapide. Non à des calculs poussés.

Pour l’identité, ce sont effectivement les goûts, les choix de chacun, les influences culturelles qui la détermine. Pour l’exemple de la naissance, c’est facile de montrer que Giscard d’Estaing n’a rien d’allemand, malgré sa naissance en Allemagne.

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Posté : 10/04/2010 1:58 pm
(@import)
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Pour ma part j’ai très rarement éprouvé d’émotion à l’écoute de musique française. Je ne remet pas en question la langue, mais plutôt le « style » de ces musiques qu’on nous propose (ou alors « impose », vu qu’il s’agit toujours des mêmes artistes qui sont mis sur le devant de la scène).
J’ai hélas grandi dans une famille où les goûts musicaux représentaient admirablement bien le parisianisme d’il y a quelques décennies : durant toute mon enfance, j’ai eu droit à du Dalida, du Sheila et du Claude François en tant que musique de fête…
C’est peut-être un peu violent, mais ce genre de musique me sort par les yeux… Je n’ai jamais adhéré à ce que la société voulait nous faire aimer, j’ai toujours préféré chercher ailleurs et écouter d’autres choses, et c’est d’ailleurs ce désir qui m’a poussé à m’intéresser à la musique celtique et bien sûr par le suite aux musiques du monde en général.
Je trouve réellement injuste et dommage que certaines oeuvres de ce parisianisme des années 60-70 soit autant « à la mode » encore aujourd’hui, alors que par exemple votre album à l’Olympia de 1972 est à peu près tombé dans l’oubli… du moins c’est le constat que j’ai pu faire par chez moi. C’est très certainement différent en Bretagne, j’imagine.
Mais en Aquitaine lorsque je dis « Alan Stivell », on me répond « qui ? », et je trouve cela vraiment injuste, voire même énervant.

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Posté : 10/04/2010 6:55 pm
 alan
(@alan)
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Pour l’Aquitaine, heureusement les gens remplissent mes salles, donc ce n’est pas vrai pour tous. Je ne serai pas loin à Fouras.

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Posté : 08/07/2010 3:36 pm

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