Qu'est ce que la celtie – suite
Re bonjour,
Ci-après un peu de doc et de matière à réflexion.
Voici donc quelques précisions concernant les aspects celtiques de la région de Franche-Comté:
En 1980 G. Gravier a recueilli dans 4 tomes de légendes, soit plus de 800 pages de travail d’anthologie, « le patrimoine culturel » de la Franche-Comté, un ensemble (pas uniquement celtes, bien sûr) étayé par les travaux de dizaines d’érudits locaux du XIXème (cf le célèbre D Monnier et son livre trop précurseur: « Du Culte des Esprits dans la Séquanie » de 1834, à propos duquel le parisianisme crut bon de décrier le lien que l’auteur établissait entre les traditions celtes et indo-européennes).
On rencontre ici des myriades de dames blanches, noires et surtout vertes, nombre de fées aux noms divers, de fontaines et grottes « merveilleuses », de fouletons et ioutons, d’ondines, de pierres-littes, percées ou virantes, et autres trous de la lune et dolmens, et bien entendu une multitude de vouivres. Sans parler des 3 soleils censés apparaître à des moments précis au mont Poupet (celui-là même où Pasteur vérifia l’existence des microbes) ou à la montagne de la Dole, le culte des chênes à vierge et la tradition des « failles » le 25 décembre (2 survivances toujours actuelles).
Extrait d’un poème d’E. Raguin ( Haut-Saônois, médaille d’argent de la ville de Paris, 94):
» A la corne d’Aulan » fut champ de l’au-delà,
On y trouva jadis un sarcophage en pierre;
Au « Rondot » l’on dansait, chibreli, chibrela
Obéron, « Au Nézent » se cache dans le lierre.
Les « Ages » dans les bois sont d’anciens tumulus,
Ils restent les témoins des peuplades antiques,
Ils gardent leurs secrets sous la couche d’humus
Et font vivre pour nous les légendes celtiques
(Le Village Eternel p 79 , 1996)
G Gravier mentionne qu’au XIXème dans le Haut-Jura (à Foncine), le costume imitait « avec une exactitude singulière celui des anciens celtes, tel que Strabon l’a décrit ».( Franche-Comté, Pays des Légendes, tome II p 133).
Les érudits du XIXème ont fait un travail remarquable sur le sujet. Tous ont été frappés de constater que « la Franche-Comté est assurément la province de France – et peut-être d’Europe – la mieux pourvue en ce domaine » [ légendes ], « le pays le plus gaulois de France » (G Gravier et H. Martin, introduction à F.C.,pays des légendes p 14). Historiquement c’est d’ailleurs le berceau le plus ancien de la civilisation celtique, datant de près de 2000 ans avant JC, du moins sur notre territoire national (cf cartes internet par ex).
Deux auteurs à ma connaissance ont au XIXème été sidérés par la « gémellité » entre l’Ecosse et la Franche-Comté: Ch. Nodier et E.Rougebief.
Nodier écrit: « C’est la Franche-Comté du Lomont et du Jura, c’est l’Ecosse du Jura et du Lomont, car le hasard ou la nature a voulu que les montagnes culminantes de 2 contrées si semblables l’une à l’autre portassent le même nom. La même analogie se remarque entre les Highlanders ou les montagnards des 2 pays….Ces 2 races, qui n’en font peut-être qu’une, ont dû être également animées d’un merveilleux instinct poétique. L’esprit de poésie a reposé à la surface de leurs lacs éternels…..Quand j’arrivai dans les Highlands on m’y montra la maison de Rob Roy, on m’y fit soulever la lourde épée qu’il brandissait….on m’y introduisit dans la cave [caverne] mystérieuse où il disparaissait tout à coup aux yeux de ses ennemis. J’avais vu dans les montagnes de Franche-Comté, la maison, la lourde épée, la cave de Lacuzon. [héros local]. Il n’y a qu’un nom de changé ». ( Nodier, in » Légendes de F. C. », collection C. Seignolle, p 356, 357)
Je vous fais grâce – à regret! – d’ Alésia, dont la fondation est attribuée selon les légendes locales à Hercule, et que le géographe/historien Strabon situe formellement en Séquanie….
Pour couper court à ces quelques exemples, tout celà m’amène aux réflexions suivantes.
Certains prétendent que la notion même de Celtie peut s’avérer dangereuse, car sujette à des récupérations idéologiques (cf l’utilisation de « l’arbre celtique », ou de la croix celtique etc). A défaut d’une définition suffisamment claire, c’est un risque…
La Celtie, pour l’instant, c’est, je pense, un ensemble de peuples au bout des terres qui mettent en commun leurs langues et leurs musiques d’origine celtique.
En F.C., pays soumis en permanence aux invasions, subsistent 2 « patois » en situation « catastrophique » selon les spécialistes locaux: l’arpitan (franco-provençal) et le franc-comtois jurassien d’influence germanique, proche du lorrain, picard et wallon, langues qui ont le droit d’ être enseignées, alors que les non-langues franc-comtoises, très dévalorisées, ne peuvent l’être.
D’autre part, à part « la ioutte fugitive »(E.Raguin, idem p 30), il subsiste peu de musiques comtoises, et encore moins de groupes dits « folkloriques ». Le plus connu, établi près de Dole, est le groupe des Alwatis (mot franco-provençal). Ils ont, entre autres, réintroduit il y a 30 ans la cornemuse – appelée dondaine dans le Doubs – dont « on a joué en F.C. bien avant que les Ecossais ne la découvrent » ( selon www. cancoillotte.net/la musique traditionnelle), comme l’iconographie médiévale et les traditions le prouvent. La F. C. souffre d’un « déficit d’image », et d’une « vision négative de sa musique traditionnelle » qui semble presque aux limites de l’extinction. « Faudra-t’il que des ethno-musicologues parisiens lui [la F.C.] expliquent que la world music comtoise a autant d’intérêt que…les flûtes de pan du Pérou? » se plaignent les webmaster du même site.
En résumé : si la Séquanie a été une plaque tournante de la civilisation celte et en garde quelques traces, celà remonte à près de 4000 ans et s’est bien estompé depuis la romanisation et la christianisation. La région a vu son identité déniée si souvent qu’iI lui reste, de son vieux fonds celte, un vague sentiment d’appartenance, une sensation diffuse de « celtitude » commune d’ailleurs à une grande partie de l’Europe. Avec les pays dits celtiques, nous n’avons plus en commun la religion celte (même si sources, lacs, cascades, grottes sont mon domaine depuis l’enfance!), ni vraiment la musique, ni la langue….
Je crains qu’il ne reste d’autre fondement pour la Celtie que celui qui mène à la politique, l’art crasseux…Je crains bien pour nous qu’il vaille mieux mettre tout çà dans sa poche et son mouchoir dessus, comme nous autres comtois avons si souvent été contraints de le faire…
La question aura du moins eu le mérite d’être posée..
Quoi qu’il en soit, merci encore à vous qui incarnez si bien le barde celte, à la fois plein de rythme, de dynamisme, et de sagesse.
Kenavo
Brigitte
Merci beaucoup pour toutes ces informations.
Par contre j’aurai du mal à vous répondre avec « profondeur » avant l’enregistrement de mon prochain disque qui ne va pas tarder. Ce disque sera une réponse de plus aux questions sur la celtitude, en attendant par exemple un disque vraiment consacré aux « définitions » de la musique celtique, qui est dans mes projets.
A galon,
alan
O.K!
A noter encore pourtant:
A votre concert de Dole, quelqu’un portait un tartan comtois, dont il est en train de faire homologuer le motif.
Nous envisageons de créer una association sur le modèle de celle de Bretagne : voir http://breizhlanders.blog4ever.com/blog/index-286135.html . Porter le kilt, dit ce site, c’est manifester « la volonté d’inscrire la Bretagne dans la différence culturelle et [la]rapprocher encore plus des autres nations celtes, détacher le peuple breton d’une certaine forme de mondialisation, et soutenir le pôle inter-celtique. »
Y avons-nous notre place???
Car ne pas manifester notre différence, comme c’est le cas actuellement, c’est se trouver dans des situations plus que difficiles : ne pas avoir le droit d’apposer son drapeau sur sa future plaque minéralogique (vous ne rêvez pas, voir la pétition cancoillotte.net), ne pas avoir de représentant direct au Parlement européen, risquer d’être absorbés par une région voisine plus puissante, à savoir la Bourgogne (cf M Balladur),etc… L’identité et la vigueur économiques peuvent-elles vraiment exister sans l’identité culturelle? L’identité culturelle n’est elle pas la dynamique qui sous-tend tout le reste??La Celtie est-elle une force fédératrice, et est-elle assez ouverte pour s’élargir jusqu’à des zones grises comme la nôtre???
J’avais oublié: La Franche-Comté et l’Ecosse ont aussi en commun leurs emblèmes les plus anciens: la croix de St- André (rouge pour nous) et le lion rampant…
Bonne inspiration à vous
A galon
Brigitte
Bonsoir Brigitte,
c’était vous que j’ai revu à Delle, ou je me trompe?
J’ai écrit quelquepart, peut-être sur mon blog, que je vois des degrés dans la « celticité ». Sachant qu’il ne pourrait y avoir de hierarchie dans cette notion de degrés. Seulement une constatation. Il n’y a pas de honte pour un galicien d’être un peu plus latin ou ibère, voire autre chose, et un peu moins celte qu’un breton.
J’entends bien sûr le terme « celte » d’une façon que je partage au moins avec moi-même…A voir aussi sur mon blog.
De toutes façons, j’encourage tous les gens, toutes les régions, tous les pays qui ont cet héritage celtique jusqu’au plus « light » à le mettre en valeur.
La principale peur étant de passer pour un sauvage, un vestige d’homme préhistorique. Peur venant de l’ignorance. L’autre peur, la même ignorance attribuant à la « celtitude » le pouvoir de créer haine, racisme, etc. plus qu’une autre culture.
Peur irraisonnée, ignorance crasse partagée par nombre de soi-disant « intellectuels », et vrais ministres (des paroles récentes en Belgique, par ex. ). Quelle tristesse. Heureusement que les concerts, le public, me cassent cette tristesse.
A galon,
alan
Bonsoir,
Ce n’était pas moi à Delle,mais on m’a dit que j’avais un sosie aux environs de Belfort: ce devait donc être un autre moi-même. J’accepte volontiers que nous nous démultiplions, au moins dans ce que nous avons de meilleur! L’auto-dérision est d’ailleurs une caractéristique comtoise et votre humour n’est pas en reste…
Je n’ai pas peur de passer pour une sauvage. Question d’habitude. Il y a longtemps que j’ai publié la Nouvelle Vouivre et autres assimilations monstrueuses, mais à l’époque je ne comprenais pas très bien pourquoi j’éprouvais ce besoin.
Aujourd’hui, il me semble que la celtitude c’est un peu comme gommer 2000 ans de barbarie et revenir aux sources communes de l’Europe. A bien des égards les Celtes étaient plus civilisés que nous, leur art et la longue persistance de leur culture religieuse qui perce encore sous les rites chrétiens en témoignent. César parle de sacrifices humains rituels (peut-être vieille coutume déjà en désuétude à son époque). La violence est de toutes les époques, mais l’Europe, depuis celle des invasions barbares jusqu’à l’Europe des nations a été un festival de violence. Les Celtes, eux, ne cessaient de circuler, d’échanger, de partager, chacun gardant son identité et ses coutumes. Il me semble que cette façon de vivre l’Europe est la plus moderne depuis 2000 ans, y compris aujourd’hui, où l’Europe « assez » bureaucratique ne soulève pas des enthousiasmes aussi évidents que les Bretons à leurs concerts ou aux fest noz.
La vision du monde chez les celtes me paraît être plutôt circulaire (et vous dites bien qu’il ne saurait y avoir de hiérarchie) et la vision actuelle plutôt verticale (le contraire de la démocracie affichée!). La celtitude dépasse la politique et elle est en même temps au ras des peuples. C’est une monnaie commune. Je suis heureuse de le découvrir et espère m’en servir. Merci de vos encouragements, et bons succès.
A galon
j’ai parlé ici ou là de vision en spirales et cercles et liquide des Celtes.
Sauf que les Celtes c’est pour moi aujourd’hui, sinon je précise « Anciens Celtes ».
On en reparlera.
Kenavo,
alan
Les Celtes, les Celtes, les Celtes…
Breton et attaché à la culture bretonne, j’admets volontiers qu’il existe un fond culturel « celtique » en Bretagne, encore présent et vivace grâce à la langue bretonne et à certaines traditions (rites religieux, rapport au monde, etc.) Mais il y a aussi certains fantasmes autour de cette notion, qui amènent à prendre un peu de distance avec la « celtitude ».
Par exemple, je vais souvent danser dans les festoù-noz… Suis-je pour autant un Celte ? Ai-je même un loisir celtique ? A mon humble avis (qui risque de froisser quelques internautes, je vous prie de m’excuser !) pas vraiment…
Ne soyons pas naïfs. Je pratique au fest-noz des danses inspirées pour la plupart de danses de la Renaissance (branle, contredanse, etc.), diffusées dans toute l’Europe depuis l’Angleterre, la France, etc., avant de disparaître comme elles sont venues (sauf en Bretagne et dans quelques autres régions).
Les chanteurs qui se produisent dans les festoù-noz ont des textes en Breton (langue celtique, assurément) mais une façon de chanter (kan ha diskan, ou tuilage) qui tient plus de la musique « rurale » que de la musique « celtique ».
Les voix mêmes de ces chanteurs, qui « pour faire trad » sont volontairement haut-perchées et amenées par le nez, tirent leur inspiration des chanteurs de la montagne des années 30 ou 40 (premiers enregistrements). Ces anciens chanteurs appréciaient eux-même la voix de Tino Rossi et s’en imprégnaient, tout autant que des chansons de leur voisinage…
Bref, où est le rapport direct avec une civilisation née il y a 3000 ans, et qui s’est diluée dans l’Europe Romaine ?
Ce label « celtique », bien que j’y adhère en partie aussi, est donc, pour moi comme pour d’autres, discutable.
Certes, grâce à Alan, la celtitude existe. Cet artiste talentueux, au-travers de sa musique, a fait naître (avec d’autres) cette celtie, qui est aujourd’hui concrète au-travers du FIL et de bien d’autres évènements et collaborations. Alan s’est pour cela inspiré de sa perception de son univers proche, de son fond culturel ambiant (langue bretonne, etc.) pour tisser (ou re-tisser) des passerelles musicales et poétiques avec les autres pays qui ont une langue celtique (gaélique ou brittonique). En cela, bravo et merci Alan ! Les Bretons ont aujourd’hui conscience qu’il existe bien un lien et une union avec les autres peuples nichés autour de la Manche et de la Mer Celtique. Et que l’Histoire est un perpétuel conflit, amenant bouleversements et changements…
Mais, d’un point de vue plus rationnel, cela demeure aujourd’hui une vision poétique et artistique du monde, plutôt qu’une vision extrêmement concrète…
Alors, Brigitte, la Franche-Comté, celtique ? Pourquoi pas ! Malheureusement, il n’y a pas (ou plus) de langue celtique exercée sur ce territoire. Cela fait donc un point en moins (et pas des moindres) pour obtenir le label. Mais comme en Bretagne, libre à vous, par la suite, dans votre perception de votre environnement géographique et culturel, d’y voir l’héritage d’une civilisation perdue dont les clichés romantiques nous font tous rêver !
Riko.
Merci pour vos propos flatteurs me concernant.
Par contre vous montrez une approche tarte à la crème de la question.
Vous suivez ce que les autres vous ont dit. Pas moi.
Vous n’avez pas bénéficié des approches sérieuses de la question, comme les miennes.
Vous n’avez même pas lu un passage de mon Blog. Revenez après.
Vous me flattez puis vous m’insultez (sans le savoir, sans le vouloir).
A greiz kalon,
alan
La notion de celtitude fait débat. Fantasme, Riko?
» Foin des…latins, je suis un celte ». Ce n’est pas moi, c’est Louis Pergaud qui exprimait cette intime conviction. A ma connaissance ce franc-comtois (prix Goncourt 1910) était d’origine..juive! En ce qui me concerne,je ne connais qu’une seule culture, et n’en vis qu’une seule(mes amis de tous les continents peuvent en témoigner): la culture humaine!!! Rien ne me le fera abjurer!
Reste que l’exemple de Pergaud prouve que cette racine-là est très puissante. Certains rappellent ici que cette époque fut « l’une des plus fastueuses périodes de notre histoire » (a l’occasion d’une expo consacrée aux trésors celtes à Lons). Des faits? Sur « 1 douzaine de principautés celtiques – habitats fortifiés et pôles politiques[ou religieux] – recensées en Europe centrale, quatre se trouvent sur l’arc jurassien [en particulier Salins la métropole du sel], ce qui laisse à penser que la Franche-Comté est l’un des épicentres de la civilisation celtique naissante » selon B. Lyonnet. (Pays Comtois n°15 p74). L’abbé Demard (célèbre érudit local) a remarqué que » la Haute-Saône était considérée au XIXe comme le département qui avait le plus de pierres mystérieuses » avec les départements bretons.
Je ne compterai pas les points. Je me contente de réfléchir en direct.
Comme Pergaud en est 1 parfait exemple, nous avons ici de multiples racines. Nous avons longtemps fait partie du Saint-Empire de nation germanique. Or la langue, en particulier, a été un prétexte moteur pour nous en séparer par le fer et par le feu. Voilà pourquoi ici on ne se bat plus guère que pour l’avenir, et on se méfie généralement des traditions. Nous avons trop de racines et avons appris à nous en méfier. Mais sans racines, que sommes-nous? Je ne sais même pas vraiment quel mot employer pour en parler,et ne trouve guère que le mot celte, qui nous englobe tous. Laissez-nous, please, faire la part du rêve et celle de nos racines! Promis, nous ne piétinerons pas vos plate-bandes. Quant à notre celtitude, elle me paraît bien réelle. Le problème, il est vrai, est de savoir quoi en faire. Mais ça me paraît être une richesse, une de celles, justement, qui aident à s’ouvrir sur le monde. Précisément parce qu’il est plus facile de s’articuler aux autres quand on sait qui on est…Est-ce du domaine du fantasme?
Je remercie Alan pour son immense ouverture d’esprit. En relisant qques docs, j’ai trouvé trace des celtivales an II, où vous donniez dans le Haut-Doubs une conférence et un concert « celtiques ». Il y a donc un moment que vous avez accroché notre cercle! Je n’en avais pas conscience, ou ne faisait pas le lien…
Je n’ai pas encore lu votre blog, à ma grande honte, et vais m’y employer au plus vite.
Amitiés
Alan,
Vous vous êtes senti « insulté » (vous vouliez dire « blessé », car aucun propos n’est strictement insultant dans mon post) ; en effet, je ne voulais pas vous offenser. Je vous présente mes excuses si vous l’avez ressenti de la sorte.
J’admire votre oeuvre depuis maintenant une vingtaine d’années, et vos positions franches sur notre Bretagne (et notre monde aussi!)
Je ne souhaite pas davantage polémiquer. Je ne vous interdis pas de me contredire. Je vous y encourage même, car c’est bien par l’échange que la pensée grandit. Je respecte vos idées, vos propos, votre vision du monde. C’est bien là une chose que j’ai apprise de vous.
Mais respectez mes perceptions vous aussi ! Contrairement à ce que vous laissez entendre, je suis un homme libre et instruit, j’ai moi aussi des lectures (en commun avec vous pour certaines) et je ne considère pas votre approche au-dessus des autres.
Bien des personnes -qui comme moi aiment et font vivre la culture bretonne- ont ce point de vue sur la celtomanie. Beaucoup adhèrent au votre. Personne n’a raison, personne n’a tort ! Le relativisme est un des biens les plus précieux de la pensée.
« Da bep hini hon tensor, da bep hini hon wirionez ! «
Le plus essentiel dans tout cela, c’est bien que nous soyons en accord sur ce point.
Ken’tuch !
je reconnais avoir mal pris vos propos.
Et je suis heureux que vous preniez ma réponse assez bien.
Mais si je me suis senti offensé, c’est peut-être pour des raisons qui vous ont échappé, étant évident que vous ne le faisiez pas intentionnellement.
Vous n’avez peut-être pas réalisé combien ça doit être dur d’entendre ce même son de cloche depuis plusieurs decennies.
Et les gens qui font sonner cette cloche dans un sens ne montrent jamais avoir tenu le moinde compte de mes arguments. Ils répetent inlassablement des choses qui se disaient bien avant que je ne démontre certaines choses.
J’admets évidemment que chacun a un point de vue. Mais je peux vous réciter par coeur le vôtre. Et du côté où vous êtes, vos paroles et celles de votre « camp » ne contredisent jamais les miennes, jamais vous ne semblez les connaître.
Comme vous le dîtes vous même j’ai donné envie à beaucoup de gens de s’interesser à la Bretagne et ce qui est autours (et il y a autre chose que la France autours…).
Cela me donnerait le droit d’être un peu écouté, pas seulement pour faire le juke box pendant que les autres parlent de choses sèrieuses.
Celui ou celle qui a étudié ce dossier, qui s’est spécialisé dans ces domaines et depuis 55 ans comme moi, le dise.
Je suppose que ce n’est pas votre cas. Mais ce n’est qu’une supposition.
Keno,
alan
Alan,
Pour ma part, je ne peux parler de « camp » intellectuel. Je ne me place pas là ou là. Je ne me revendique d’aucun courant d’esprit, d’aucune idéologie. J’essaie de me faire une opinion, qui n’engage que moi, au travers de ce que j’ai lu, vu, découvert, rencontré.
Vous faites d’ailleurs parti de ces rencontres marquantes. Certains ont grandi avec vos chansons ; pour ma part, ce sont vos chansons qui m’ont fait grandir (par leur message de fraternité, paix, tolérance, respect, écoute). Alors mille merci !
Même si aujourd’hui nos points de vue divergent (mais peut-être pas autant que vous le pensez) je n’ai qu’une chose à vous dire : poursuivez votre engagement, parlez fort, montrez-vous, continuez à faire de belles choses, défendez vos convictions, car elles sont belles ! On s’emmerde tellement avec ce paquet d’artistes labelisés show-business qui n’ont rien à dire ! Vous au moins (comme quelques autres) vous avez un idéal et vous savez merveilleusement allier le fond et la forme pour l’exprimer.
Pour ma part, je ne suis pas encore votre porte-parole, mais sachez que je vous écoute, vous respecte.
Je ne partage pas vos idées mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez les exprimer ! (phrase faussement attribué à Voltaire…)
La contradiction, il n’y a que cela de bons pour faire avancer l’esprit.
Je profite de cet échange avec vous pour vous posez cette question : quel regard portez-vous sur les travaux de Guilcher, en Basse-Bretagne ?
Seconde question : on retrouve dans certaines de vos chansons des références à l’esprit universel (Spered Hollvedel) et certains de vos textes expriment un espoir (voire une certitude) que la chose humaine avance dans le bon sens (Gouel Hollvedel).
J’ai le sentiment que le philosophe Hegel vous a marqué, non ? Ou du moins à une époque ? (peut-être me trompe-je! Dans ce cas, pardonnez-moi, j’aurais mal interprété vos textes !)
Pour ma part, j’aime cet auteur et son propos selon lequel « l’histoire, c’est le développement de l’idée vers la liberté ».
Même si sa vision de l’évolution de l’histoire est un peu trop romantique (voire naïve), et qu’on a accusé le courant d’esprit amené par l’auteur d’avoir été une belle béquille de soutien aux différents régimes totalitaires (nazi, soviétique, etc.) Ah, l’instrumentalisation de la pensée !
Trug’ deoc’h !
Ha toud ma gourc’hemenoù evit da lec’hienn internet : plijus eo da lein ar pajennoù-se ! Brav eo ! Chomit en al lec’h-man !
ken tuch !
Bien d’accord sur le fait qu’on puisse ne pas être d’accord. Mais ici sur mon forum, vous pourriez envisager de répondre et contester mes propos précisément? Cela m’interesserait.
Je ne parle pas que de celtitude, mais ce sujet mérite de s’y arrêter un peu. Les arguments sur la musique bretonne qui ne serait rien d’autre que de la musique médévale européenne, ne passe pas du tout une analyse.
J’ai connu Guilcher, un beau travail. Celui-ci apporte bien des connaissances. Dans l’analyse, il faut aussi du recul et d’autres éléments comparatifs.
La Bretagne est un promontoire d’abord entre la France (voire l’Occitanie) et le monde celte (ou l’inverse); sa situation géographique lui permet de développer une culture bien à elle.
Toute culture humaine est semblable et différente des autres.
Hegel, et d’autres philosophes du 19ème m’ont beaucoup interessé, comme la Philo en général. J’ai ensuite beaucoup essayé de penser par moi-même.
L’idée que le monde pourrait aller vers le mieux reste chez moi. Mais mon optimisme s’est un peu déterioré quand même.
Trugarez endro ‘vit ar gerioù peus laret ha n’eus kenbouezhet mat ar re ‘m oa kavet un tamm diaes da resev.
A galon,
alan