Demat !
J’aimerai vous poser une petite question, Alan. Je lisais encore ce matin quelques articles sur vous, et j’ai également regardé pour la énième fois votre passage à Taratata en 1995.
On parle partout de vous comme étant le précurseur de la musique celtique et bretonne modernes, l’un des pères de la world music… je cite :
« Alan Stivell est à la base du concept de Musique Celtique et de sa diffusion dans le grand public. Pour autant, ce que les gens mettent dans ce mot est restrictif malgré sa richesse. Le terme « Musique Celtique » , auquel tient beaucoup Alan Stivell, n’évoque pas tous les aspects de sa musique. Alan Stivell a été, est un des principaux défenseurs des métissages, aussi le terme « Cross-over », ou, moins heureux, « World Music », conviennent mieux. Si Alan Stivell est le père de la Musique bretonne et celtique modernes, il a été, dans le monde, un des précurseurs de plusieurs genres musicaux: Folk-rock, New-Age ou Ambient, et surtout World-Music, dont il a été le théoricien dès son album Reflets. Aujourd’hui, il reste dans l’Avant-garde.
Dès le départ, votre désir a été de faire renaître la harpe celtique en Bretagne ainsi qu’ailleurs. Mais rapidement, le phénomène s’est étendu dans le monde entier, grâce à vous la musique celtique a pu résonner d’un bout à l’autre de la planète.
Alors beaucoup en parlent comme d’une évidence, mais vous Alan, avant que débute cette aventure universelle, vous attendiez-vous à un tel engouement des foules, à un succès de cette ampleur ?
Beaucoup d’artistes auraient « pris la grosse tête », comme on dit… d’ailleurs aujourd’hui, on peut dire que certains l’ont prise, et pour beaucoup moins que ça.
Mais vous, vous avez su rester simple, faisant évoluer votre musique au fil des albums, mais tout en restant dans l’optique de votre but principal : mêler les musiques celtiques à d’autres genres.
Et c’est aussi pour cela que je vous admire beaucoup.
J’aimerai aussi savoir une petite chose, si cela ne vous dérange pas… on parle de vous comme d’un artiste multi-instrumentiste, mais combien d’instruments savez-vous jouer exactement ?
Merci encore, Kenavo !
Les gens qui font de la pub pour moi emploient ces mots qui sont un peu trop flatteurs; l’objectivité serait de mettre en parallèle tout ce que n’ai pas bien réussi ou même raté, mais pour de la pub, ça serait une première (!).
Mon père n’aurait jamais imaginé ça. Moi, j’espérai plus que lui, mais pas à ce point-là.
Et j’ai la chance de pouvoir goûter ce bonheur.
Et je trouve que ce que je fais n’est pas assez bien.
Je pense toujours à ce que je voudrais faire, et toujours mieux.
Les hierarchies entre humains, je ne l’admets que dans la relativité des fonctions, de manière provisoire, sur un chantier donné. Je ne l’admets pas dans l’absolu: chaque humain vaut chaque humain. C’est pour moi une philosophie depuis presque toujours. Mais plus que la raison, je ne peux concevoir ou ressentir l’inverse. Je n’ai aucun mérite à ça.
J’ai commencé par le piano, ce qui me permet de travailler et composer aux claviers, je tape comme je peux sur des percus, et bien sûr bombarde, flute irlandaise et cornemuse (et…harpes).
Kenavo
« Je pense toujours à ce que je voudrais faire, et toujours mieux. »
🙂 Awww je connais le feeling, je pense… Sigh… une clé pour avancer. Mais, peut-être… pense à ce que tu as réussi, encore mieux, ce que tu réussis de plus en plus. De toute façon, ce serait quoi, l’unité de mesure de ces ‘achievements’, hon? C’est juste une impression qu’on a sur ce qu’on fait, un sentiment intime, face à nos désirs, pas ce que ressentent les gens qui se reconnaissent dans ce que tu fais. Pourquoi tu sonnes ‘so humble’ ? Depuis que tu es tout petit, tu écris des pages d’histoire. Non ?
Attends, Explore est un album magique. Par exemple. Plus je l’écoute, plus je ressens cette magie. Bon, pour faire bonne mesure… Un de ces jours, je vais t’aligner sur le mix et le calage des basses, et les drum loops sans break, je te raconte pas :))) . . . Petits détails, vraiment.
Ce qui est fort, c’est que même avec une oreille de prod, la magie prend le dessus. J’oublie, j’entre et j’oublie, je suis dedans en trois mesures. Un des mes petits standards d’appréciation 🙂 J’aime prendre le large dans ces voyages.
ps – j’adhère à l’humanité de ce que tu as écrit. Surtout, de ne pas avoir de mérite à ressentir ce que l’on ressent… strikes a huge, beautiful chord.
Merci beaucoup pour votre réponse 
Demain est le jour de mon anniversaire (20 ans ^^), et puisque je ne serai pas là les prochains jours, je vous souhaite à vous Alan ainsi qu’à tous les membres du forum…
de très joyeuses fêtes ! 
Kenavo !
Alan,
j’ai appris sur ce forum il y a quelques jours la disparition de Jean Markale. J’ai rencontre ce grand conteur en 1984, a Reims, ou il etait venu parler des mythes celtiques dans un festival organise par un ami, et intitule « Mythes, symboles et Magie ». J’ai passe deux heures captivantes, fascine par la facilite avec laquelle il s’installait derriere une table, son paquet de gitanes a proximite, et ce grand corps maigre au visage osseux, qui me faisait un peu penser, en plus doux a celui de Xavier Graal. Les recits s’enchainaient dans sa voix sans hesitation, accompagnes de commentaires parfois sarcastiques, mais toujours interessants. Il avait demande avant de commencer, a mon ami « combien de temps il devait parler: 1 heure, 2 heures, 3 heures » Il aurait probablement captive son audience pendant une demi-journee…
Je le revis plus tard, en 1992 ou 93, toujours dans la meme ville, toujours aussi long, mais un peu plus gris et semblait-il plus touche par l’age. Cependant, cette voix etait toujours la meme, et la passion aussi.
J’ai lu et relu ses « Memoires d’un celte », que je conseille aux participants de ce forum. Il y parle bien sur de mythologie celtique, mais aussi de son enfance, et des blessures de la vie.
A peu pres a la meme epoque, j’ai eu des echos des controverses que ses livres avaient apparemment suscitees dans les milieux universitaires, motivees semble-t-il par le fait qu’il n’etait pas un academique, et que certaines de ses theories etaient discutables. Je pense aussi qu’il y avait des raisons moins nobles a ces attaques, quand j’ai pu savoir de qui elles venaient.
Il n’empeche, Jean Markale m’a donne envie d’aller chercher plus loin, et il rendait toutes ces histoires extremement vivantes, plus peut-etre que ne sauraient le faire certains de ses detracteurs, meme bretons…
La ou il est , « meme au dela de la mort », comme le chante si bien Gilles Servat, je lui adresse un grand merci, et un au revoir…
Oh mince, j’apprends sa mort., je n’avais pas lu le forum ces qqes derniers jours.
Curieusement il y a qqes jours que je pense à lui, sans savoir pourquoi, ce doit être ça…
Markale m’a permis d’approcher les celtes, on m’a dit il y a qqes années que Alan n’appréciait pas particulièrement ce monsieur (son travail ou lui-même, je ne sais pas.. c’était un propos de groupie, Alan infirmera ou confirmera, s’il le souhaite).. et comme il le dit lui même: l’approche de Markale était trés personnelle.
Lire Markale n’empêche pas de lire des chercheurs, d’autres écriavins, etc,bien sûr.
Mais c’est grâce à lui d’abord, doublé de l’œuvre d’Alan, que j’ai (re)trouvé toutes ces racines celtes que je sentais vivre en moi sans les (re)connaître.
Et même d’autres.
Une bonne pensée pour lui, donc.
Pour savoir ce que je pense, il ne faut surtout pas prendre en compte ce que je ne dis pas moi-même directement. Mais vous faîtes bien de le signaler.
J’ai parlé ici ou là de Jean Markale. Je l’ai toujours défendu, ceci en faisant en même temps quelques observations.
Je défends l’idée que chacun peut et doit affirmer sa propre approche, pour la celtitude comme pour tout.
Je défends aussi que ses approches sont à prendre en compte, par exemple son approche psychanalytique.
Mais pour moi chacune de ces approches persos peuvent s’ajouter pour se faire sa propre idée.
Car elles sont toutes partielles et partiales.
Je lui fais, comme d’autres, l’observation qu’il n’avait pas forcément une connaissance de première main, semblant maitriser mal les langues celtiques, à commencer par le Breton.
Mais cette observation n’enlève rien à son apport, si, bien sûr, on ne l’éleve pas au rang de grand gourou.
Une autre observation que je lui fais, comme peut-être à l’ensemble des approches, c’est qu’elle n’est pas assez globale. Par exemple, aucun chercheur ne connait bien la …musique celtique. Et chaque domaine facilite l’accès à une relative compréhension globale.
Merci Alan, pour ces précisions :-)La groupie que j’évoque s’avançait donc quelque peu.
Il ne s’agit pas non plus de mettre Markale, ou qui que ce soit, au rang de gourou (manquerait plus que ça!!).
Enfin, en effet, où trouver une approche assez englobante/holiste du phénomène celte?
Et encore, le mot ‘phénomène’…
Malheureusement, elle reste à écrire. J’aurais pu essayer si je n’avais pas choisi d’autres expressions ( à savoir si j’aurais été meilleur qu’un autre…).
J’espère pouvoir montrer au moins quelques pistes sur mon blog, en attendant une très éventuelle publication.