D'un revival musicale à un revival … linguistique
S’il existe des vagues musicales, elles semblent avoir peu d’impact « linguistique ». Je n’ai pas l’impression qu’elles amènent les Bretons à se tourner vers la langue bretonne. Si les effectifs des classes bilingues augmentent régulièrement, c’est à de petits niveaux. Il n’y a au mieux que quelques classes qui s’ouvrent chaque année, et souvent dans la difficulté.
Et les « autorités » politiques (Rectorat compris) sont très très loin d’appliquer dans la réalité les « bonnes » dispositions dont elles font montre dans leurs discours, hypocritement ! Le « personnel » politique reste fondamentalement jacobin.
Que faudrait-il pour qu’un vrai mouvement des Bretons vers la langue bretonne se produise ?
vous êtes probablement trop jeune pour savoir qu’avant 1977, il n’y avait pas d’école Diwan, et, je crois, aucune classe bilingue ou presque. Avant 1970-72, très peu de gens apprenaient le breton par un moyen ou un autre; ça a changé d’un coup en 1972 par le mouvement musical.
Cela ne veut pas dire que c’est suffisant, et de très loin.
Aujourd’hui, contrairement à avant-hier, une majorité de bretons est favorable.
Il reste à conquérir le territoire de nos libertés (comme ailleurs dans le monde).
» Il reste à conquérir le territoire de nos libertés (comme ailleurs dans le monde) » dit Alan…
Ha ne c’hell tachenn hor frankiz bezañ gounezet, nemet ganeomp-ni hon unan e vefe !
Territoire de nos libertés qui ne sera reconquis… que par nous-mêmes !
Hervez hor youl e vo !
Ce sera selon notre volonté !
« Que faudrait-il pour qu’un vrai mouvement des Bretons vers la langue bretonne se produise ? » demande Alwenn.
N’anavezan ket ar rekipe evit reiñ « ul lañs gwir » (!) d’hor yezh met gouzout a ran gant peseurt tro-spered e vezan bemdez-doue o labourat war an dachenn-se abaoe ouzhpenn 30 vloaz. Ha n’on ket va unan, anat !!!
Je ne connais pas la recette de la création d’un « vrai mouvement des Bretons vers leur langue » (!), mais je sais dans quel état d’esprit je travaille sur ce terrain chaque jour depuis plus de 30 ans. Et pas seulement moi, évidemment !!!
Youl da vont war-raok !
Youl d’en em zizober eus ar vezh hag an dispriz…
Youl da vezañ mestr eus hor dazont
Ha youl da zeskiñ hor yezh (!!!)
Volonté d’aller de l’avant, de laisser derrière soi honte et mépris…
Volonté d’être maître de son avenir… Et volonté d’apprendre notre langue (!!!)
Youl ha nerzh kalon !!
Youl ha fiziañs ennomp hon unan…
Volonté et détermination !
Volonté et confiance en ce que nous sommes…
Feiz e talvoudegezh hor sevenadur, e talvoudegezh hor yezh…
Ur sevenadur, ur yezh e mesk miliadoù ha miliadoù a reoù all dre ar bed.
Na disteroc’h, na gwelloc’h eget ar re all, met ken prizius ha forzh pe hini all, sur mat !
Un herezh da vagañ ha da dreuzkas d’ar rummadoù da zont.
Foi en la valeur de notre culture, en la valeur de notre langue…
Une langue et une culture parmi tant d’autres dans le monde, aussi précieuses que chacune d’entre elles.
Un héritage pour les générations futures.
Evel ma lavar Alan hon eus graet hent dija. Met n’eo ket a-walc’h c’hoazh… Pell ac’hano !
Comme le dit Alan nous avons progressé mais pas encore assez… Loin de là !
Dazont hor yezh, dazont hor sevenadur : afer ur bobl en he fezh ha n’eo ket afer un nebeud hiniennoù…
L’avenir de notre langue, de notre culture : c’est l’affaire d’un peuple et pas seulement l’affaire de quelques-uns…
Setu aze perak ez eo a-bouez implijout hor yezh an aliesañ posupl : evit sachañ tud all d’hon heul e rankomp bezañ sklaer ganeomp-ni hon unan !
D’où la nécessité de faire usage de notre langue aussi souvent que possible : pour faire de émules, il faut être sûr de ce que l’on veut !
A galon
Cordialement
– …soutenir ceux qui chantent en Breton dans leur action pour être présents dans les media,
– Pousser les candidats aux élections à s’engager sur un minimum vital:
un pouvoir dit régional se hissant à la norme européenne, une initiation au Breton entrant dans l’ensemble des écoles de l’ensemble de la Bretagne.
Pour répondre à Alan :
je suis tout à fait conscient de l’importance fondamentale du rôle jouer par la musique et les musiciens dans les progrès réalisés depuis 50 ans. Lors de la remise du prix du Télégramme à Nolwenn Leroy, l’un des frères Morvan l’a dit : il n’aurait jamais imaginé il y a un demi-siècle ce qui se passe maintenant. Il y a 50 ans, on ne voulait plus entendre parler le breton, ni chanter en breton, même dans le territoire bretonnant.
Je savais aussi que les écoles Diwan ont été fondées en 1977, et qu’avant c’était un peu le … vide, au niveau de l’enseignement, un vide imposé par l’idéologie jacobine.
La musique et le chant en breton sont probablement ce qui permet que la Bretagne existe encore autrement que comme un vague espace géographique à l’histoire oubliée. C’est grâce à eux que la Bretagne possède une «identité» avec un «contenu».
Le disque de Nolwenn Leroy, «Bretonne», en est la plus parfaite illustration. D’une part il n’aurait pu existé sans le travail qui a été fait auparavant, d’autre part c’est bien plus qu’un disque de «reprises», c’est un disque qui affirme une «identité» : «Bretonne», et qui lui donne un «contenu». Et ce contenu impliquait pour elle qu’elle chante en breton.
Les sondages récemment disaient qu’environ 80% des Bretons souhaitent que le breton continue de «vivre». Mais c’est un souhait passif, et il n’y a pas 80 % de Bretons qui s’investissent dans la lutte pour la préservation de la langue.
Il ne faudrait pas grand chose, à mon avis, pour que davantage de Bretons aient une attitude active face à la langue. Le succès du livre «Les Bretonnismes», comme du CD de Nolwenn, sont, à mon avis, des signes très positifs qui le montrent.
Mais pour cela, il faut aussi une politique linguistique «active». On a cru un moment que voter un plan en 2004 «suffisait». Mais cela ne suffit pas.
Andre Ar Gag, dans le magazine «Bremañ» de février dit ceci : «Kuzulerien zo a vot ya evit ar yezh met ur wech en o farrez ne reont netra goude. Komzoù toull neuze !»
Il parle ici du niveau départemental, mais on a la même chose au niveau des villes (un article du Télégramme disait la même chose à propos de la ville de Quimper), et de la Région (les socialistes ont tout simplement «éjecté» de la liste aux régionales celui qui était en charge de la politique linguistique à la Région !, le seul bretonnant de la nomenklatura socialiste.)
Le constat est donc qu’on ne peut absolument pas compter sur la «politicaillerie» (de gauche comme de droite) pour mener à bien une politique «active» en faveur du breton. Ce qui pose un … problème !
Paroles de politiciens = Komzoù toull !
c’est vrai que la plupart des politiques ont besoin d’être poussés par les électeurs à agir beaucoup plus sur le plan dont on parle ici. On ne peut non plus les renvoyer dos à dos a priori, ce qui serait bien dangereux.
Et je réitère que, pour être nombreux à aller dans un sens favorable (vis à vis de la langue, notamment), c’est aider à la sensibilisation. La première méthode étant, de loin, aider la programmation d’artistes bretonnants sur les grandes chaines radio-télé.