
anciens titres
bonjour à tous, bonjour à vous Alan
J’ai pu trouver par hasard, sur un site nommé musicMe (site d’écoute de musique en ligne) le titre Flower Power.
J’avais déjà vu la pochette de l’album, mais c’était la première fois que je pouvais en écouter un morceau. J’ai alors essayé de me renseigner sur le net, et au fil des différents sites, je me suis simplement rendu compte que les informations étaient toutes différentes les unes des autres.
Alors je me suis dit qu’il valait mieux demander directement à la source (jeu de mot ^^). En quelle année est sortie ce disque ? J’ai hélas trouvé autant de dates que de sites différents… certains disent 1966, d’autres disent 1968…
Mais tous, en revanche, parlent d’une petite « incartade musicale ».
Et il est vrai qu’écouter Flower Power, après avoir entendu toute votre discographie, est un changement radical.
Pouvez-vous nous parler de cet album, des influences qui vous ont poussées à le faire ?
Merci encore, et bonne continuation
Kenavo
Si je peux me permettre, notre site parle aussi de ce 45 tours où j’ai mis un extrait de chaque morceau et un « zoom » sur la pochette (voir la rubrique discographie, « kelc’h daou »). D’après la source que nous avons, le disque d’un collectionneur, il semblerait bien qu’il soit de 1968. Maintenant, en la matière, nous n’affirmons jamais rien, les éditions, ré-éditions et autres se révélant autant de nouvelles surprises au fil de nos recherches. C’est ce que notre site essaye plus ou moins de montrer. Par contre, nous n’avons jamais dit qu’il s’agissait d’une « incartade musicale », ce qui me fait me demander si vous êtes allé le voir. Dans le doute, vous avez le lien dans ma signature.
Kenavo.
Mireille.
bonsoir à tous
En effet je ne pense pas être déjà passé sur votre site, et je le regrette bien car j’y trouve beaucoup de choses intéressantes. Je ne parlais pas de votre site en évoquant les termes « d’incartade musicale », mais de sites différents, et certes beaucoup moins complets que le votre.
Je vois donc sur votre site que l’album est daté de 1968, mais justement, en regardant le dos de la pochette, nous pouvons lire « Alan a 22 ans… »
Alors donc ne serait-ce pas plutôt en 1966 ?
bonne soirée, Kenavo
Comment expliquer justement votre remarque fort judicieuse ? C’est vrai qu’elle peut poser question sauf si, comme je l’ai cru, elle parle de l’époque de création avant celle d’enregistrement… Je laisse la parole à celui qui sait.
Merci pour vos encouragements sur notre site !
Mireille.
Chaque fois que je trouve le temps, j’écris mes mémoires, particulièrement sur la période années 60 et 70.
Quand vous pourrez les lire, vous aurez des données plus précises sur mes idées, motivations, démarches de l’époque.
Personnellement j’aurais du mal à juger mes congéneres, parler « d’incartades » , etc. Même en musique, je réussis en général à l’éviter. C’est pourquoi je suis assez perplexe quand des gens me jugent.
Cette « incartade » se résume à une collaboration, comme j’en ai eu maintes fois. Cette collaboration a-t-elle été moins réussie que d’autres? Je le pense aussi.
J’avais signé courant 1967 avec Philips, fait écouter mes maquettes au directeur artistique. Plusieurs mois avaient passé. Puis, un jour on m’annonce enregistrement très rapidement. On me propose un arrangeur. N’ayant pas encore écrit d’arrangements « modernes », même si je m’appretais à le faire. J’ai dit « pourquoi pas? ». Pourquoi pas tenter cette collaboration?
Il s’averra que ces arrangements n’étaient pas transcendants. Peu de temps après, j’ai encore tenté le coup avec un deuxième 45tours. Pas concluant non plus. A la fois j’étais peut-être un peu jeune, à la fois ouvert aux expériences, et n’ayant pas tout à fait abandonné la stratégie qui étais la mienne (dans la tête en tous cas) peu de temps auparavant, la seule envisageable à mon avis à l’époque d’ailleurs. Je pourrai en reparler.
Il n’y eut donc certainement pas « incartade » à mon principe de collaborations multiples, ni à ma « stratégie ». Sans oublier qu’il n’y a pas de periode professionnelle avant fin 1967, on peut seulement parler d’une période semi-professionnelle à partir de 1966. Donc « incartade » après quoi?
Par contre, j’ai d’autant moins apprécié cette collaboration que j’ai rué dans les brancards, voulu quitter Philips-Fontana. Ils m’on rattrapé de justesse en m’offrant quelquechose de très rare: carte blanche. Ce qui m’a permis la collection de disques que vous connaissez que j’ai pu faire avec une liberté peu commune. Ces deux 45tours auront eu au moins cet effet très positif.
Concernant l’âge, il y a eu peut-être confusion avec mon travail en amont, mes débuts de chanteur à 22 ans (et, à l’enregistrement, j’avais encore 23 ans).
A galon,
alan
Merci beaucoup Alan pour cette réponse
Kenavo
Oui merci beaucoup Alan vraiment… J’ai eu l’occasion d’écouter ce titre « Flower power » et, sans parler « d’incartade », il est vrai que cette expérience peut surprendre au vu de tout ce que tu as produit après, tellement cela en diffère.
Mais ce que tu nous as donné comme réponse est tout simplement passionnant… Je n’étais pas au courant du fait que tu étais en train d’écrire tes mémoires, et je souhaite vraiment de pouvoir les lire très vite (sans te presser bien sûr), notamment pour les conditions dans lesquelles tu as écrit chaque album…
J’ajoute mes remerciements à ceux de Rémy pour la réponse d’Alan.
En effet peu de gens semblent avoir compris le contexte pas évident de l’époque à laquelle il s’est lancé, des contours qu’il a fallu qu’il prenne, saisir les opportunités sans y laisser « sa stratégie »… Oui, certes on peu regretter cet aspect « variétés » où sa harpe n’est présente que sur la photo du disque dont parle Rémy. Nous pouvons normalement tous comprendre que cela n’était pas « lui » !… et alors ??? Il le dit bien, on l’a pris de court. A l’époque on ne diffusait que ce style et il a prouvé qu’avec cette concession il a pu avoir « carte blanche » sur le reste. N’avons-nous pas tous, même en quittant ce contexte, ces démarches hésitantes et contre versées de jeunesse ? Qui peut les condamner quand on voit ce à quoi elles aboutissent ? De toutes façons ceux qui auront pu écouter le titre « Le bourreau » du 45 tours « Flower Power » auront peut-être reconnu les intonations dans « Crimes » de « 1 Douar » sorti trente ans plus tard. Merci aussi pour ces précisions de dates. Je pensais bien être dans le vrai mais on ne sait jamais tant ce n’est pas clairement explicité.
Voilà, j’ai encore dérogé à ma règle qui veut que je me consacre plutôt au site (où vous seriez le bienvenu Rémy !) mais quand un sujet me tente de trop, je la ramène sur le forum, digarezit.
A galon.
Mireille.
une fois de plus, on parle d’une collaboration qui s’avéra pas bonne, et d’une première tentative; il y a un début à tout, et il peut y avoir « incartade » quand il y a eu quelquechose avant.
A ce sujet, j’ai eu, notamment en scène, plus souvent que j’aurais voulu, des collaborations musicales et techniques pas trop bonnes, malheureusement.
Ensuite, l’absence de harpe est un « péché » que je réitere relativement souvent dans ma discographie. Ensuite encore, les thèmes abordés ne sont pas dans le sens du poil (peine de mort, etc.), mais écrits par un débutant, presque enfant (et il est vrai que je n’avais pas la maturité d’un Rimbaud, très loin de là).
Ensuite, j’entrais dans ce « métier » par la porte « variétés », je ne le nie pas; c’était mon choix, et, de plus, ce choix s’est avéré le bon, par la suite, même si j’aurais préféré avoir le co-arrangeur des Beatles.
Il est vrai que ça n’a jamais été très facile de se lancer dans une carrière artistique, peu importe laquelle. Et pour réussir à démarrer, il faut s’adapter à ce qu’attendent les gens, et laisser parfois de côté nos idées, ce qu’on voudrait réellement faire. Moi-même j’ai deux passions, le dessin et l’écriture, sur lesquelles je voudrai fonder mon avenir.
Pour ce qui est du dessin, j’ai tenté en avril dernier le concours des Beaux-Arts de Bordeaux. Ils ne m’ont pas accepté, bien qu’ils aient dit que j’avais beaucoup de talent, simplement parce que je n’avais pas (je cite) le bon « profil artistique ».
En résumé, ce que je faisais ne correspondait pas à ce qu’ils recherchaient, était en désaccord avec leur actuelle conception de l’art. Il faudrait donc, pour que je parvienne à me lancer là-dedans, que je me tourne vers autre chose, afin de me faire accepter et de pouvoir par la suite revenir à mes premières idées.
J’ai également ressenti cela par rapport à l’écriture. J’écris depuis que j’ai 10 ans, et j’ai depuis maintes et maintes fois retravaillé mon livre, y ajoutant sans cesse de nouvelles choses, de nouvelles histoires… et j’ai vu au fil du temps que mon style évoluait continuellement. Lorsque, il y a quelques années, j’ai tenté un concours de nouvelles, je ne pouvais pas écrire ce que j’aimais vraiment faire. A cause surtout de la contrainte du nombre de page… je savais que si je faisais ce que j’avais envie de faire, je ne pourrai pas m’arrêter à une vingtaine de pages, alors je m’étais tourné vers autre chose, vers un autre genre légèrement différent. Je me détournais donc de « l’héroic fantasy » pour me pencher sur le « fantastique ».
Mais une fois de plus, si on me disait que j’avais beaucoup de talent, je n’étais pas sélectionné parce que cela ne correspondait pas à ce que le public français attendait.
Tout cela pour dire que je trouve triste de devoir s’adapter à la société pour se faire accepter. Il est dommage que le système dans lequel nous vivons aujourd’hui ne soit pas plus ouvert par rapport à ce qui diffère de ce qu’il connait.
Alors bien sûr, je suis encore jeune, et je sais qu’à seulement 20 ans, j’ai encore le temps de trouver ma route, cela ne m’empêchera ni de dessiner, ni d’écrire ce que j’aime.
Mais comme vous dites, Alan, c’est un choix de pouvoir mettre ses réelles ambitions de côté, le temps d’entrer dans le monde artistique par les portes qui nous sont proposées.
bonne journée à tous, kenavo
il y a un relatif parallèle entre ce que vous dîtes et mon cas, mais très relatif.
Car dans l’ensemble, c’est oublier que ma démarche a toujours été de rechercher l’éclétisme absolu.
Donc, je n’ai jamais eu à faire de « concessions », puisque ma volonté a toujours été de survoler l’ensemble du monde musical, du Classique occidental à la Variété française, en passant par la musique traditionnelle et tout ce que vous savez de moi.
Ce serait très différent si j’avais en 1966 annoncé que ma musique serait toujours très celtique-modernisée, et m’accompagnant toujours à la harpe. Ce qui n’est pas le cas.
Sans exagérer, on pourrait tout autant considérer comme une entorse (ou une « incartade »…) à ma démarche et à mon « art », les moments où je ne fais « que » du traditionnel (chant a capella, bombarde-binioù, cornemuse solo). Ce serait en tous cas aussi logique que de faire la remarque pour des passages « variétés ».
Vous comprenez mon raisonnement?
En fait cela reviendrait à penser que l’on peut considérer n’importe quelle partie de votre oeuvre comme une « incartade », car elle se base justement sur la diversité et n’a pas de caractéristiques bien définies ? Enfin, si j’ai bien compris.
Il est vrai que je n’avais pas vu cela sous cet angle. Par rapport aux différentes évolutions de votre musique, tout pourrait donc être considéré comme « incartade », alors que cela n’est que le reflet d’influences musicales diverses.
Kenavo
C’est exactement ça.
Par contre, chacun a tout à fait le droit d’aimer moins ou pas du tout telle ou telle chose, évidemment.
Souvent c’est une affaire de goût ou sa propre éducation; parfois ça peut être indiscutablement un peu ou beaucoup moins bon, comme dans le cas présenté.
Mais on peut comprendre la jeunesse et les collaborations malencontreuses, en comprendre les intentions positives, du point de vue des thèmes abordés , ou par ce qu’elles ont permis ensuite, voire en imaginer la détérioration par la production.
Je vois que vous me suivez.
Kenavo
Merci pour toutes ces informations intéressantes sur le début de votre carrière Alan et de Remy, j’essaierai d’écouter ce fameux Flower Power un de ces quatre .
Pour reprendre votre démarche Alan, c’est des fois difficiles tellement entre deux albums les sonorités peuvent changer, mais généralement la plupart des essaies (après on ne peut pas accrocher avec tout, surtout quand son oreille n’aime pas toutes les sonorités) sont une réussite.
Merci.
Comme vous l’entendez, ma « bande passante » esthétique est très large.
J’aime beaucoup les sons acoustiques purs, comme j’aime des sons agressifs, distordus, etc.
Je peux faire un parallèle avec les peintres. J’aime la Renaissance flamande, j’aime des peintres abstraits, fluos, etc. On est sur des terrains très différents, c’est pourquoi l’un n’empêche pas l’autre.
Un peu comme un plat pimenté traditionnel d’Asie du Sud-Est et la dernière création d’un chef français.
Par contre, un titre comme « Flower-Power », aussi intitulé « Post-hippy », n’a pas d’interêt en dehors de l’anedote et que ça fait partie de mon histoire assez complexe.
A galon,
alan