Le grand chanteur occitan Joan Pau Verdier vient de disparaître. Bien entendu, il faut (re)découvrir son oeuvre.
Le second week-end de septembre 1977, Alan Stivell était à la Fête de l’Huma, organisée par le Parti Communiste Français dans le parc paysager de la Courneuve, comme Joan Pau, qui y présenta Tabou-le-Chat et parle de 120 000 spectateurs – ailleurs, on les estime à 80 000.
Voilà le témoignage que le chanteur occitan avait bien voulu me livrer en 2011 à propos d’Alan : « pour moi Alan Stivell a toujours été très important pour la culture bretonne bien sûr, mais aussi pour l’émergence de toutes les autres cultures dites régionales. Je suis persuadé que j’ai pû signer dans une firme comme Philips à l’époque parce que lui y était déjà et avait du succès. Pour les marchands c’était la preuve que les cultures minoritaires pouvaient se vendre… Il a été le premier et la langue, la musique et la culture celtes lui doivent beaucoup. Ce que j’aime surtout chez Alan, c’est que c’est un chercheur, un inventeur. Contrairement à ce que pensaient certains puristes de l’époque qui lui reprochaient d’avoir du sucès et de faire du fric (comme à moi d’ailleurs) je suis persuadé que sa motivation première c’est le plaisir de la musique. Il est complètement immergé dans son monde musical. Il n’est jamais resté dans des chemins balisés et s’est souvent retrouvé là où on ne l’attendait pas. Quand sa formation de rock-folk celtique marchait très fort, subitement il sortait un disque de harpe seule ou de vieilles chansons bretonnes au grand dam du show-biz. C’est peut-être pour cela qu’on le voit moins et l’entend moins aujourd’hui car les rois de la rentabilité n’aiment pas ces gens ingérables et sur lesquels il est difficile de mettre des étiquettes. Pourtant le Cd qu’il a fait avec Martin Meissonnier est pour moi un petit bijou d’inventivités. Pour le reste, j’ai eu depuis le début de nos carrières respectives de très bons rapports avec lui, bien que nous n’ayons pas beaucoup parlé. Stivell est un taiseux. Il parle avec sa harpe. Je l’ai toujours perçu comme un être habité par sa musique et quelque peu hors du monde alentour. Cela ne m’a jamais gêné car il me paraissait profondément authentique et ça me plait encore plus aujourd’hui dans cet univers de frimeurs où seul compte l’apparence. En ces années-là on a fait pas mal de spectacles ensemble dont il était la vedette bien sûr mais il ne se comportait jamais en vedette. J’avais aussi de très bons rapports avec ses musiciens, Dan Ar Bras, Werneer, Yacoub, Santangelli. Donc l’ambiance était très sympa. Quant au fameux concert de 1977 à la Fête de l’Huma, je t’avoue que je n’ai pas d’anecdotes particulières à te raconter à son sujet, car dans ce genre de spectacle où l’on sait qu’on va chanter devant 120000 personnes tout le monde est un peu dans sa bulle. Il y avait aussi ce soir là Phil Colins et Peter Gabriel et, stressé comme je l’étais, je ne les ai pas vus non plus… »
Encore un qui part…
Je n’ai pas suivi sa carrière, mais je me souviens l’avoir vu à Caen en 75 ou 76 avec Planxty.
Pfff … Je l’ai vu une fois en concert vers 75-78, je crois que c’était à Trégastel. J’ai eu ses deux premiers albums et puis j’ai lâché. Il faut dire que le « revival » occitan a été relativement étouffé par les médias de langue d’oil, et les trads purs et durs.
Bonjour a tous. Je n’ai pas trop l’occasion de venir sur le site d’Alan autant que je le faisais auparavant, mais j’essaye toujours d’y jeter un oeil des que j’en ai la faculte. Merci a Laurent Bourdelas pour l’article sur Joan Pau Verdier. Il me touche pour deux raisons : j’aimais beaucoup ses chansons, ce melange baroque de culture occitane, d’anarchie, de poesie et de musique rock et folk. La deuxieme raison, c’est que j’etais a ce concert de la fete de l’Humanite 1977, la seule fete de l’Huma ou je me suis rendu, et j’en ai garde des souvenirs fulgurants. Les prestations d’Alan et de Joan Pau etaient excellentes, comme la sono, mais evidemment trop courtes pour ceux qui les appreciaient, Alan avait donne des extraits de son superbe album Raok Dilestra, et Joan Pau avait chante des extraits de son Tabou le chat et sa belle « Ballade pour un paume » .Le temps etait splendide et les autres invites aussi bons: de memoire, la trepidante Myriam Makeba, qui nous a aussi quitte depuis, comme Jean Michel Caradec. Et d’autres bretons: Tri Yann et Gilles Servat. Bref un souvenir qui ne me quittera pas…
bonjour,
je vous annonce deux émissions en hommage à Joan Pau Verdier les mardi 22 et 29 septembre sur cette radio:
la 1ère émission sera construite autour de la carrière de Verdier au sein de la maison de disque philips (1973 – 1979)
la 2ème émission partira de la rupture du contrat avec philips jusqu’à aujourd’hui.
merci
j’ai oublié….les émissions seront de 20h à 21h