Steeleye Span
Bonsoir Alan,
Connaissez-vous le groupe Steeleye Span ? Une sorte de Malicorne britannique des années 60 (quoique c’est surtout Malicorne qui semble avoir largement puisé dans les arrangements de Steeleye Span…)
A la fin des années 60 ils ont enregistré un morceau intitulé Twas Corbies (paroles attribuées en général à Walter Scott et musique du Barzaz Breiz : l’air d’an Alarc’h). Connaissiez-vous ce morceau lorsque vous avez enregistré An Alar’ch en 71 ? Est-ce ce groupe qui vous a donné l’idée d’enregistrer votre An Alarc’h ou bien est-ce un hasard ?
Cette question me turlupine depuis quelques temps déjà…
Merci!
Georges
Petite correction: Steeleye Span etait tres actif dans les 70, et les 80 aussi. La chanteuse Maddy Prior suit actuellement une carriere solo, et chante aussi a l’occasion avec une autre figure de la scene folk anglaise, a la voix superbe (et au pysique aussi superbe!) : June Tabor, que je recommande de decouvrir si vous tombez sur un de ses disques. Steeleye Span tourne toujours et comme d’autres groupes de la scene francaise, ils ont encore la peche. Quant a »Twa corbies », je l’ai decouvert ici, a Cambridge, et j’ai aussi ete frappe de la similarite melodique avec An alarc’h. C’est cependant legerement different. Je me souviens aussi que dans les annees 70, Steeleye span et Firport convention etaient regulierement cites dans les interview d’Alan et de Malicorne. C’est d’ailleurs par eux que j’ai decouvert ces groupes. Un autre merci a Alan (et a Gabriel Yacoube s’il se balade sur le net!) pour ca.
A propos, Alan est il occasionnellement encore en contact avec les gens de Malicorne? Gabriel semble s’etre refait une carriere solo tres interessante.
J’ai connu An Alarc’h dans les années…50. Twa Corbies est une chanson devenue très populaire en Ecosse au point que beaucoup le prennent pour une chanson 100% écossaise alors que la mélodie a été empruntée au Barzaz Breiz suite à un voyage de bretons dont Zaig Montjarret en Ecosse dans les années 50 (interceltisme moderne et concret).
Puis quand j’ai voulu créer un folk-rock breton-celtique, je crois que Steeleyespan n’existait pas. Quand j’ai commencé professionellement, Fairport Concention seulement est né en Angleterre;
Quand Steeleyespan est né, Gabriel Yacoub était un des musiciens qui m’accompagnaient. Il a tout de suite été très fan de ce groupe et rêvait d’une même démarche en France. Car la mienne, bien qu’avec des points communs, était assez différente. Un jour en 1974, je crois , il m’a annoncé qu’il me quittait pour créer Malicorne. Ce groupe a été un peu l’enfant de Steeleyespan et moi-même…
il y a quelques moi, Gabriel et moi nous sommes une nouvelle fois retrouvé avec plaisir sur une même scène à côté de Saint Etienne.
Great. Pas de projet sur une paire de titres?
Si je me souviens bien, avant de quitter le groupe, Gabriel Yacoub (que je trouve quand même un peu parisien sur kes bords… je dis ça par rapport au vieux reportage – un peu bizarre(1) – sur Alan diffusé il y a 3 ou 4 ans sur TV-Breiz où Yacoub faisait des commentaires eux aussi un peu bizarres) avait enregistré un album, Pierre de Grenoble, avec Marie Yacoub, avec Dan et qqs musiciens du groupe. C’était pas mal du tout d’ailleurs, d’influence assez bretonne…
(1) avec des remarques du reporter du genre : « Vous buvez beaucoup… ». Un peu limite quoi.
c’était je crois une émission « à bout portant » interviewé par Michel Lancelot vers 1974; lui et l’équipe étaient effectivemet limite. Gabriel avait un peu un discours mêlant humour et ironie;
il y avait eu plusieurs enregistrements de parties différentes de mon « backing group ».
Oui ca doit être cela. S’appelant « Lancelot » on aurait espéré un peu plus de solidarité bretonne !
Il semblait vouloir montrer qu’il y avait une certaine barbarie chez les musiciens bretons, et aussi que les bretons les plus âgés – donc les vrais Bretons à ses yeux – ne comprenait pas ce que vous chantiez.
Ceci-dit, Jean-Luc Hesse vous a traité un peu similairement lors d’un passage à France-Inter dans le milieu des années 90 laissant entendre, entre autres insinuations, que faire de la musique celtique c’était un peu vieillot ! Quelque part c’est un manque de respect mais enfin bon je ne m’attends pas à autre chose de la part de ces personnes.
S’il s’agit de la meme emission, je me souviens avoir ete aussi un peu irrite des questions de Michel Lancelot, que j’appreciais par ailleurs en tant qu’animateur et ecrivain. On avait l’impression qu’il avait envie de se « farcir Stivell », avec des questions du style: « il parait que tu as des tares », et « tu n’as pas fait ton service militaire, pourquoi? »C’etait tres deplaisant et navrant. Les musiciens rigolaient mais ca sonnait faux. Je me souviens egalement d’une question sur la facon dont Alan pouvait arriver a faire cohabiter dans sa demarche le celtisme avec le marxisme. J’ai trouve assez admirable qu’il ne perde pas son calme, car il y avait une atmosphere d’hostilite manifeste dans ce programme. Mais je pense que c’etait l’ambiance de l’epoque: on trouvait des pros Stivell et des antis, des pros Servat des antis Tri Yann, tout ca sur la base que certains « faisaient du commerce et de l’argent », mais pas les autres, « qu’on ne voit pas a la tele ». Pour quelqu’un qui trouvait un interet chez tous ces artistes, c’etait rageant. Je me demande s’ils ont, de leur place, percu ce phenomene?
comme beaucoup, j’ai fini par perdre un peu mon énergie à la fin des 70s; j’aurais dû être quelqu’un d’anormal pour continuer comme si de rien n’était
Vous avez pourtant fait en 79 un album que je trouve très fort par certains aspects (même s’il est peu « côté » et si l’enregistrement laissait à désirer), un album très engagé aussi ; c’est International Tour. Avec le très beau « C’hoant Dimezin » et le toniturant « We shall survive » !
justement on sortira peut être ces trois titres originaux dans une compil ou autre, ou on ressortira quand même l’album, sachant que le remastering améliore un peu; que pensez vous du poème de Pol Keineg en anglais/breton?
C’est votre interprétation de Hommes Liges des talus en transe qui m’a fait connaître ce poète aussi est-ce pour moi un morceau très important. Par contre, à choisir, je préfère l’original (version longue toute en français) enregistré sur votre album Stok ouzh an enez. Mais bon on trouvera sûrement d’autres à préférer la version bilingue.
Je n’ai jamais eu l’occasion de parler avec Paol Keineg de votre interprétation de son poème. Mais ce dut être pour lui un immense bonheur et en tout cas il dut le ressentir comme un grand honneur.
…et « We shall survive », mon anglais vous a semblé acceptable?
ça, ce n’est pas moi qui pourrai le dire… disons que pour quelqu’un dont l’anglais n’est pas la langue maternelle c’est une belle chanson bien interprétée. Pour le reste…