Je mets, avec la permission de Alan, un lien vers une présentation du remarquable documentaire de Philippe Guilloux, lequel a de fait deux sujets. Celui du titre: » Qui a tué Louis Ravallec « , et celui de l’immense travail de Donatien Laurent, ethnologue – Breton et universel – passionné de la culture orale:
http://www.cinephare.com/information/qui-a-tue-louis-le-ravallec.
Le sujet est le lien établi par Donation Laurent entre le texte d’une Gwerz dédiée à Louis Ravallec, mort 250 ans avant son étude. Celle ci amène D. Laurent à mettre au jour la manière dont le Gwerz, de par sa construction propre à la culture orale, est capable, au travers les décennies et les siècles, de conserver la relation d’un fait historique. La prouesse du chercheur D Laurent est d’établir la vérité que la Gwerz ne peut que suggérer tant le fait – un meurtre – a pour toile de fond la stratification sociale de ce 18 ème siècle en Bretagne ( Entre Langonned et Le Faouët). En puisant aux sources des archives judiciaires, du cadastre, des registres de l’état civil, il révèle le texte de l’histoire que transporte de manière intemporelle la Gwerz. Ce travail nous met au cœur de la vitalité de la culture orale, ici singulièrement en Bretagne.
On ajoutera que Donatien Laurent connait un parcours personnel qui présente des fortes similitudes avec celui de Alan: ils ont puisé dans une histoire qui les a d’abord placé hors de Bretagne, puis à Paris, des forces peu communes pour appréhender la culture – avec l’ apprentissage de la langue -, musicale, sociale, historique, avec les résultats que l’on sait ici pour Alan, que l’on peut (re) découvrir pour Donatien Laurent au travers de ce documentaire. En même temps, ce disant, nous nous rendons à l’évidence d’une question aux réponses incertaines: où sont ces figures de proues qui demain sauront reprendre ces flambeaux ? Certes leurs œuvres ont diffusé largement et nourrissent des élans musicaux, linguistiques, artistiques, politiques, mais cela sera t’il suffisant ?
Je viens de voir avec surprise, mais aussi fierté, qu’une personne avait attiré l’attention sur mon dernier film « Qui a tué Louis Le Ravallec ? ».
C’est finalement une boucle qui se ferme. En effet, comme beaucoup de gens de mon âge, j’ai découvert la musique bretonne, puis l’identité et la culture de la Bretagne grâce à Alan. La révélation se fit devant une télévision encore en noir et blanc à l’époque, dans laquelle je découvrai cet homme et sa musique, notamment le mythique Pop Plinn qui, alors que nous écoutions le rock, Bob Dylan et quelques autres, fut une révélation. Nous étions dans la première moitié des années 70 ! Que de souvenirs. Adolescents, il nous fallait économiser pour aller le voir sur scène ou pour acquérir les 33 tours que j’ai précieusement gardés.
Depuis, j’ai toujours un oeil sur le parcours d’Alan qui, s’en le savoir, a été pour beaucoup dans mon propre parcours.
Pour ce qui est de Qui a tué Louis Le Ravallec, l’idée était de faire découvrir cet univers particulier de la gwerz et ce personnage extra-ordinaire qu’est Donatien qui, la encore c’est une boucle, a été membre d’un bagad dans lequel il y avait un certain Alan. Qui a dit que tout ceci est une affaire de hasard ? Le hasard ? Toujours est-il que mon précédent film avait pour sujet un autre personnage qu’Alan aimait beaucoup, Milig Ar Skanv.
Ce message me permet au moins de dire à Alan qu’il a été et reste pour beaucoup d’entre nous un révélateur. Qu’il en soit ici sincèrement remercié.
a galon
merci à vous. Cela fait chaud au coeur. Dans une période pas facile.
J’avais bien apprécié le film sur Milik (même si les critiques à son encontre me paraissaient prendre beaucoup de place, et idéalement l’envie de l’entendre un peu plus chanter; mais jamais facile de trouver l’équilibre absolu, d’autant que les documents ne sont pas toujours d’accès non problématiques).
Je n’ai pas encore vu celui sur Ravallec.
Merci aussi de venir sur ce forum.
A galon,
alan
Oui, je voulais montrer que Milig n’était pas un personnage « facile » mais surtout montrer que l’engagement militant est parfois destructeur pour la famille, surtout lorsqu’on est celui qui trace le sillon comme l’a fait Glenmor. Lui redonner ce côté humain pour le rapproche de nous car iconifier un personnage, lui ériger des stèles est la meilleure manière de le ringardiser. Beaucoup de chansons de Milig pourraient être reprises par des interprètes d’aujourd’hui qui sont trop rares à chanter des textes qui restent d’une étonnante actualité.
Quand aux interprétations de Glenmor, j’ai cherché longtemps des images permettant de restituer ce qu’était un spectacle de Glenmor, mélange de chansons, de discours, d’histoires drôles, d’aphorismes… Ces images sont rares et les quelques captations faites tardivement par France 3 (n’oublions pas que Glenmor a longtemps été interdit d’antenne) ne me semblaient pas refléter ce qu’était véritablement le personnage sur scène.
Le prochain film sera consacré à deux personnages qui ont aussi croisé ta route d’Alan (décidemment ;-)) en t’accompagnant sur tes premières tournées avec des projections de photographie : Nicole et Félix Le Garrec.
En tous les cas, c’est un réel plaisir d’avoir lu quelques lignes de la part d’une personne qui a influencé ma trajectoire 😉 Et je pense ne pas être le seul de ma génération.
A galon