Les années 90’s ont été un vraie bénédiction pour les fans de musique celtique et bretonne.
Seulement, né en 1972, j’ai connu lors de mes premiers festou-noz dans le milieu des années 80, le creux de la vague : un peu l’impression d’appartenir à une tribu d’irréductibles, comme au conservatoire de Soye à Ploemeur à mes tous débuts dans le milieu breton. Puis de fil en aiguille, la vague est montée : fête de la musique bretonne à Spezet à la fin des 80’s avec Alan, Erik Marchand…
Puis l’explosion au début des 90’s : le retour en fanfare d’Alan avec Again puis des Tri Yann et de Gilles Servat, les débuts d’Ar re Yaouank et une explosion de groupes sympa : gwenfol, int, tan’ban’ty… Le milieu des années 90’s a marqué l’apogée avec une musique bretonne se mariant à tout va (pour le meilleur et parfois le pire) à toutes les autres musiques : rap, techno, raï, reggae…
Et puis, depuis la fin des 90’s, tout cela se calme doucement mais surement : la créativité, je trouve, s’est pas mal tarie… Les festou-noz sont moins fréquentés. Peu de groupes nouveaux, vraiment originaux, émergent. Bien sûr, les grands artistes bretons comme Alan, les Tri Yann, Erik Marchand, Yann Fanch Kemener… continuent à défricher toujours de nouveaux horizons ! Mais où sont leurs dignes continuateurs ?
Peut-être suis-je excessivement pessimiste, mais j’avoue ne pas voir quels jeunes artistes innovent VRAIMENT en musique celtique aujourd’hui ? Si vous les connaissez, indiquez les moi !
Par ailleurs, j’aurais beaucoup de plaisir à entendre Alan sur ce sujet (qui a connu 2 énormes vagues porteuses successivement dans les 70’s et les 90’s… et les reflux généraux allant avec)
bonsoir,
Merci pour les compliments. Une observation:
parler de vagues porteuses serait ne voir que le résultat d’énormes efforts accomplis;
ça ne s’est pas passé de façon aussi passive; ce sont de vrais investissements dans l’hexagone, dans tous les sens du terme, dont il s’est agit à partir de 1971 et après 1992. Et les reflux ne se sont pas senti de cette manière, si on voit ça plus mondialement (voir le monde dans mes concerts italiens, etc. dans ces périodes de reflux). Ce qu’on peut regretter, c’est que dans les périodes où j’ai un peu relaché la pression en hexagone, les relais n’ont pas été pris, à part, notamment, le travail des écoles Diwan sur un plan différent.
Quand on va par ex sur myspace, on trouve un nombre assez important de jeunes qui ont du talent. Ont-ils la hargne pour s’imposer? Je l’espère.
kenavo,
alan
bonjour à tous
Il n’y a pas longtemps que je suis sur votre forum, sur la pointe des pieds je le parcours tous les jours pour ne pas perturber
la douceur de vos conversations .
puis-je me permettre de me joindre à vôtre conversation:
j’étais ados lorsque, ALAN, TRI YANN, GILLES SERVAT, m’ont accrocher avec leur musique leur textes il m’ont donner le goùt de ma langue (que je perfectionne encore aujourd’hui), de la défendre et de la perpétuer!!!
il y a une jeunesse mais comme dit ALan » aura-t-elle la rage de se faire entendre »??
ce que j’ai ressentis pendant ces vagues était, que la Bretagne, sa culture, sa musique: était au-delà de cette région une mode!!! ce qui était douloureux pour mon âme celte!!
mais je ne peux que remercier aujourd’hui ces grands TENORS de notre culture de n’avoir jamais baisser les bras, d’avoir toujours, et de toujours, continuer à propulser, à faire connaître cette dernière!!!
il faut toujours s’interroger sur le devenir de la musique, de la culture Bretonne, sans toute fois garder le côté pessimiste, je suis sur qu’il y a de l’avenir, mais peut être est-il encore un peu timide.
bonne journée
Shinéa
Bonjour et merci !
Quand, entre 1953 et 1965, je participais à la première renaissance de la musique bretonne avec ma harpe celtique et en sonnant dans un bagad, il n’était évidemment pas encore question de mode.
C’est pourtant dans cette période lointaine, que je rêvais de musique celtique beaucoup plus moderne, et de la propager, non plus à une minorité, mais à une majorité. Il m’était vite apparu qu’il fallait lancer ce mouvement musical, de manière professionnelle, ressemblant au lancement d’une mode. En effet, ça ressemblerait à une mode; mais ce serait, en réalité, pour des millions de gens, une découverte. La mode peut se calmer de temps en temps, la découverte, elle, est définitive.
J’ai été heureux de donner envie, à des Tri Yann, Servat, Mélene Favennec et bien d’autres, de me suivre ou suivre Glenmor; mon travail avait été suffisant pour lancer le mouvement; il n’aurait sans doute pas suffit à le maintenir dans la durée, sans les musiciens et artistes qui se sont mulipliés, sans oublier, bien sûr, le public.
Aujourd’hui, comme je l’ai déja dit , il y a toujours de nombreux musiciens, il y en a de nouveaux. Il faut espérer que, sur le nombre, il y ait des jeunes dont la musique enthousiasme les gens, d’extrême modernité, tout en maintenant l’originalité et l’identité celtiques, sâchant se bouger et communiquer au plus grand nombre (en s’imposant aux boîtes de disques, aux media ou sur le net); après tout ce n’était pas plus évident il y a 40 ans (date de ma signature chez Philips, eh oui…). Car en effet, sans ça, on pourrait être pessismiste.
Kenavo,
alan
pour rester dans le sujet;
s’il y a des jeunes musiciens bourrés d’originalité et de talent, ayant la saine ambition d’ « imposer » au monde entier une nouvelle vague bretonne (ils peuvent se faire connaître ici ou sur mon myspace);
je leur conseillerais de faire ce que je n’ai pas pu: s’installer à Londres, s’imposer là-bas. Ce que j’ai fait surtout à Paris, un peu moins à Londres, ils peuvent le faire, s’ils ont vraiment quelque chose à dire (en Anglais et en Breton). Et peu de doute que la 3ème vague sera encore plus forte. Ou alors, attend-on une relance de ma part pour mes 70 ans…?
Alan
Bonjour Alan
d’abord un grand merci pour prendre de votre temps et de nous répondre avec gentillese et patience!!
vous êtes d’une grande disponibilité et ça nous montre bien votre grand côté humain.
oui j’espère que la relève se fera connaître et continuera à transmettre ce que vous avez commencé à nous offrir.
j’espère deux choses pour vous Alan
la première prendre un repos bien mérité à vos 70 ans ! bien que vous nous manquerez énormément mais nous n’avons pas le droit d’être égoïste face à vous qui nous avez tant donner, sans limite!!!
la seconde si vous pouvez faire une nouvelle vague à vos 70 ans alors faite la, lol
« c’est aussi ça la Liberté »
et je serai toujours à l’écoute, assise ou debout à vos concert comme je le suis depuis déjà depuis un certain nombre, (et un nombre certain) d’années
shinead
Merci,
j’espère dans la relève; et voir des jeunes s’affirmer, avant mes 100 ans (?), me donnerait de l’espoir pour la suite…
En attendant, je vais bien, je touche du bois, et je n’ai pas dit mon dernier mot…
kenavo,
alan
Bien sur que tu verras tout cela à tes cent ans Alan! En tout cas, je rejoins Shinead pour tout ce qu’elle dit sur toi, tu as accompagné durant mon adolescence à maintenant, ma queste des celtes, j’ai appris à aimé la musique celtique en écoutant d’abord la tienne, et c’est en écoutant la suite irlandaise pour la première fois que j’ai senti l’appel de l’Irlande et pourtant je suis d’origine bretonne, j’aime la Bretagne mais je ne peux toujours pas expliquer cette attraction qu’exerce l’Irlande sur moi..
En tout cas, j’y vais régulièrement et je vois de plus en plus de jeunes musiciens bourrés de talents et vraiment doués pour la musique celtique, et de plus en plus jeunes!
En juin, je suis allée à un stage de bodhran sur l’ile d’Inis Oirr, j’ai rencontré de nouveaux groupes de jeunes musiciens, notamment Beoga, musique nord irlandaise avec un mélange de jazz et parfois de ragtime! Génial!
Et puis le duo Breda et Cora smyth, fiddle et tin wistle avec Jim Higgins en accompagnement bodhran, le duo y mélange la musique africaine, cubaine avec la musique irlandaise. Il me semble que les irlandais de plus en plus mélange leur musique avec toutes les autres musiques du monde, comme toi tu l’a fait auparavant. J’ai eu Jim Higgins d’ailleurs comme bodhran’s teatcher et il nous a appris à jouer des rythmes africains, cubains et brésiliens! Finalement, ça donne pas mal de punch aux reels et aux jigs!
Je crois sincèrement qu’il y aura toujours une relève ‘Celtic Music’ même si par moment on est dans le creux de la vague!
En tout cas, tu auras largement contribué à sa naissance et à son évolution…
Merci à Alan et tous les contributeurs de leur réaction rapide et de leurs réponses avec leurs tripes ! La 1ère réponse d’Alan vient en effet nuancer mon propos 1 peu outrancier sur l’apparition d’une vague dans les 70’s : celle-ci n’était pas le fruit du hasard mais liée au courage de ceux qui dans les 50’s, faisant fi de l’image parfois douteuse du mouvement breton lors de la guerre, ont su se remobiliser pour relancer la musique bretonne dans les bagadou, notamment je crois.
Quand au renouveau des 90’s, le mouvement pour la langue bretonne n’y est certainement pas pour rien, ayant su faire germer dans de jeunes cerveaux, les graines de la fibre celtique.
Ma vision quelque peu pessimiste est certainement liée au fait d’être géographiquement éloigné de ma Bretagne natale (je vis à Paris). Or, il semble que l’enseignement scolaire de la langue ne se soit jamais aussi bien porté ! Pour ce qui est de la transmission orale, c’est certainement autre chose.
Néanmoins, pour rebondir sur la dernière phrase de la 1ère réponse d’Alan, il semble que les jeunes artistes bretons en devenir, aient du mal à « structurer » leur progression pour faire connaître largement leur musique, comme Alan a pu le faire dans les 70’s. Naïveté par rapport à l’industrie du disque ? Difficulté de la vie au sein d’un groupe sur le long terme du fait des dissensions inévitables ? Manque de coach/agent pour gérer l’inévitable partie business ? Je ne sais pas ?
Mais, la solution réside peut être là : dans un accompagnement / parrainage / coaching par les « anciens » des jeunes pousses. Il ne s’agit pas de faire un Breizh Academy, qui d’ailleurs existe sous une forme beaucoup plus respextable (le Kan Ar Bobl), mais peut-être que des structures pro viennent décharger les jeunes artistes de tout ce qui n’est pas musique, pour pouvoir exprimer leur art et c’est tout !
Sur ce sujet, une nouvelle fois : je serais curieux d’entendre Alan : partage-t-il cette opinion ? Y’a-t-il déjà songé ? Seul ou avec d’autres ?
pour répondre à Inis gWenva, merci d’abord.
Pour un breton, être attiré par l’Irlande me paraît très normal: la France est une belle-mère issue d’un 2ème mariage, l’Irlande est une mère évincée; sans compter la terre elle-même qui est comme une sublimation (même s’il y a des beaux coins chez nous).
Bien sûr, il y a là bas, de nombreux très bons jeunes musiciens ouverts aux mélanges. Ils n’assurent un avenir que pour la musique irlandaise, pas pour la musique celtique. En effet, ils se mélangent plus facilement avec anglo-saxons et reste du monde qu’avec leurs plus proches cousins appréciés en général avec une certaine condéscendance, rejetés hors du monde interessant ou connu. Ils sont en fait très ignares pour la plupart sur ce qu’est vraiment la Celtie, la Bretagne. La question se pose donc crûment pour les jeunes bretons. Je leur souhaîte d’avoir la « râge ».
Kenavo,
alan
bonjour Fablo,
pour être plus précis, les bagadoù (BAS) avec les cercles celtiques (Kendalc’h) ont fait renaître la musique bretonne dans les années 50 et 60, pas dans les années 70.
J’ai bénéficié moi-même de ce mouvement (avec en plus Loeiz Roparz et le kan ha diskan et Glenmor) qui m’a permis ensuite de créer un nouveau mouvement à partir de 1967, celui des 70s.
Ce serait super de pouvoir être coach, etc.; mais il faut savoir que, moi-même aujourd’hui, je n’ai pas la possibilité de déléguer suffisamment ( malgré un bon agent, etc.) pour me consacrer à la musique, le temps me manque pour elle; ça me laisserait pas beaucoup (!) de temps pour m’occuper de jeunes; c’est bien dommage. Peut-être d’autres le pourraient(?).
Mais si on veut un mouvement équivalent à celui des 70s , et dans une moindre mesure, des 90s, il faut un ou plusieurs jeunes qui fassent un effort équivalent eux-mêmes; équivalent, donc en se bougeant eux-mêmes, s’installant éventuellement à paris ou à londres, si c’est encore nécessaire; peut-être faut-il comme moi (comme vous le faîtes remarquer) que ce ne soit pas un (des) groupe(s), mais un (des) artiste(s).
kenavo,
alan
J’ai des amis à Montauban qui organise chaque année un fest noz en octobre et qui sont en contact permanent avec la ‘ Bretagne ‘, ils ont des amis musiciens comme Dominique Le Guichaoua du groupe Dremwell et ils ont la même impression que vous pour la musique bretonne, ils constatent que les jeunes musiciens bretons sont tous concentrés dans les bagadou et pas assez dans des formations.
C’est vrai que dans mon asso bretonne de Toulouse Breizh en Oc, le bagad est devenu très important au détriment de nos petites formations devenues de plus en plus instables chaque année! C’est dur de les renouveler, pourtant on a de très bons jeunes musiciens.
Mais peut-être que ça repartira et qu’il y aura dans l’avenir plus d’ouvertute des irlandais vers la Bretagne, la Galice, aussi, avec surprise, j’ai déjà entendu de jeunes musiciens irlandais jouer des An Dro ou Hanter Dro, c’est pas mal à leur manière! Quand je vais en Irlande, je m’éfforce de leur faire découvrir notre culture celtique continentale, on verra bien.
je serais heureux d’entendre ces irlandais jouer des airs bretons, car jusqu’ici je n’ai entendu que Triona Ni Dhonaill en chanter un correctement; mes amis les chieftains s’y sont essayé une fois; en général on sent à quel point ils le font superficiellement; souvent les « anglo-saxons » ont l’air de préférer ce qui sonne le plus « français », donc ou des airs gallo, ou des airs de basse-bretagne très francisés. J’assimile ça au même phénomène psychologique mal élucidé qui fait qu’un anglophone, anglais, irlandais ou américain a un vrai blocage pour m’appeler Alan. Pour eux je suis Alain(!). Comme si, dans leur tête, on ne pouvait être Alan que de leur côté de la Manche…
Pourtant, j’avais bien commencé, avec mes concerts au National Stadium et sur les chaînes irlandaises (je souhaîte ça à des jeunes musiciens). Mais, on m’y voit de moins en moins, souffrant du handicap de vivre dans l’hexagone. J’aurais pu m’établir en Irlande, mais c’est bien en Bretagne que je voulais faire queqlue chose avant tout.
Slàn,
alan
C’est vrai que tu ne peux être partout à la fois et ta place bien sur est en Bretagne, j’ai été surprise en Irlande de rencontrer un tout nouveau groupe irlandais Beoga qui joué un Hanter Dro lors de mon stage de bodhran, je ne trouvais pas que l’air était trop francisé, mais bon ton oreille est surement plus rôdée que la mienne à ce sujet!
Et puis, j’ai rencontré un passionné de culture celtique Simon O’Dwyer de Dublin qui a crée une sorte de carnyx qui sort un son comme le didgéridoo australien , il fait bien la difference entre la Bretagne et la France, ils sont quand même quelques uns à s’ouvrir peu à peu et c’est peut-être le début!
Ensuite, un couple de jeunes musiciens venus du Donegal ont joué un An Dro pas mal du tout à mon avis, tout cela m’a quand même agréablement surprise et j’ai interrogé quelques irlandais sur la musique bretonne, ils trouvent que c’est de la ‘Grande Musique Celtique’
ce que tu dis est agréable, puisque ça montre une évolution favorable; mes mots, par rapport à une majorité d’irlandais, étaient peut-être un peu trop forts;
merci,
alan