Alan,
Je te l’ai déjà peut-être écrit, mais comme c’est de l’ordre du raz de marée, du séisme qu’on n’aurait pas vu venir, menaçant donc de tout emporter. Je veux en témoigner ici, de ce moment.
Cela fait un moment que je n’ ai pas pris de temps pour écouter de la musique, au hasard de ta discographie je mets un CD de Master série Où Ian Morrisson reel ouvre le bal. Premières notes familières pense t’on, mais c’est toujours aussi frais, aussi neuf, aussi fort, me dis-je en savourant les entrelacs échevelés forme Kan Ha diskan de tant de fabuleux musiciens.
Puis arrive la version 45 tours de Tri Martolod ( 1972 ? ) et me voilà submergé, sans prévention, le cristal du son libère immédiatement dans ma mémoire des lignes d’ horizons enfouis et enfuis, mêlant les romans familial, social, politique, personnel, de toute une période Historique de note Pays et de mon propre destin, aux limites de l’étourdissement, j’essaie de me raccrocher pour ne pas chavirer dans un océan de nostalgie. J’ irai, malgré tout, jusqu’au bout de l’écoute non sans avoir pensé interrompre une intrusion si forte. Vagues de sentiments et d’images donnant en retour à cette musique une force infinie.
La musique est un marqueur de l’âme, indélébile, dès que l’intensité d’émotion s’en mêle, celle-ci est une alchimie secrète entre le talent de l’artiste musicien et les traits de sa propre histoire. Je te l’ai déjà écrit, de cet acte inaugural fort s’énonce une fidélité à la recherche de ces émotions vécues.
Tant de chemins parcourus depuis, et encore cette magie qui opère. Parcours qui nous permettent de tenir la nostalgie à distance, avec raison donc, vus les tourments qu’ elle est capable de nous inoculer. ( version : cheminer pour ne pas sombrer.)
Sois en remercié, Alan.
Avec une pensée d’encouragements pour la gestation en cours.
PS: j’apprends aussi par là, mais je le savais un peu déjà, qu’on n’ouvre pas un livre ou qu’ on n’écoute pas une musique aimée sans prendre le risque d’une immersion brûlante en ses lieux de mémoire, ceux là qui vous font, au fond, par l’apport des autres décisifs.