indépendance bretonne
Demat d’an holl
Je viens de lire par curiosité un « vieux » (1958) document du MOB, où figure cette question « Le droit pour la Bretagne de gérer ses propres affaires se justifie-t-il ?«
La réponse commence comme ceci : Oui, parce que la Bretagne est un vieux pays d’Europe qui a connu mille ans d’indépendance nationale avant la conclusion du traité […] de 1532.
C’est ici que je m’interroge. Pour ce qui est de l’indépendance, du Royaume puis du Duché, on peut partir de Nominoë et arriver jusqu’à la tumultueuse fin du XVème siècle ou début XVème (certains situent la fin de la liberté dont jouissait la Bretagne à la défaite de Saint-Aubin-du-Cormier, d’autres au Traité de 1532)… Mais cela fait tout au plus 700 ans. Alors pourquoi parler ici de 1000 ans ? Après, ils parlent d’indépendance nationale. Je me demande donc s’il n’y aurait pas là une nuance, et si « l’indépendance » en question ne concernerait pas tout simplement l’existence de la nation bretonne… Mais c’est admettre que celle-ci ait été distincte depuis l’arrivée des Bretons de Grande-Bretagne jusqu’au traité d’union. Soit, cette fois-ci, approximativement 1000 ans.
Je ne sais pas si c’est une bonne interprétation, mais bon… Si quelqu’un peut m’éclairer un peu, ce serait avec plaisir !
Trugarez vras !
l’objectivité absolue en Histoire n’existe pas.
Le point de vue français minimise au maximum l’indépendance bretonne, l’occultant presque entièrement.
Le point de vue breton tend à considérer que, depuis l’arrivée des bretons en Armorique aux 5ème et 6ème siècles jusqu’au traité de 1532, c’est l’indépendance.
En fait, cette indépendance bretonne a été contestée dans les faits dans certaines périodes, contestée sur le papier dans d’autres. Mais provisoirement. Comme l’a été l’indépendance française à un moment noir du 20ème siècle.
Il y a aussi une autre question: qu’à un moment, des rois, des papes ou des empereurs ne reconnaissent pas officiellement une réalité pratique, est-ce que ça annule cette réalité (aujourd’hui, la Bretagne par rapport à la Région-Bretagne)?
Est-ce que des celtes doivent forcément tenir compte de ce que considèrent comme légitime des successeurs de l’empire romain?
« Est-ce que des celtes doivent forcément tenir compte de ce que considèrent comme légitime des successeurs de l’empire romain? »
Certes non !!
Ce qui m’étonne dans le texte du MOB repris par Loarwenn, c’est de lier le droit à l’indépendance au fait d’avoir déjà été indépendant.
A ma conaissance, les Palestiniens n’ont jamais vécu dans un Etat palestinien indépendant. Ca ne leur donne pas moins le droit de devenir indépendant.
Tout groupe humain qui le souhaite a le droit à l’indépendance, qu’il l’est déjà été ou non.
Dans l’école « française » on enseigne pas que la Bretagne a été indépendante. Pour ne pas faire naître des aspirations à … l’indépendance. Pourquoi la Bretagne contemporaine ne pourrait pas faire aussi bien que la Bretagne médiévale ? Nos ancêtres étaient-ils meilleurs que nous ?
Il est vrai quel peuple devrait pouvoir être libre, même s’il n’est pas persécuté. Et ce n’est pas parce que nous avons été libres que nous devons le redevenir, mais parce que nous avons une langue, une culture, une histoire, qui ne sont pas respectées à leur juste valeur. C’est avant tout pour cela.
autant que l’histoire et l’indépendance du duché il y a quelques siècles de cela c’est la situation actuelle qui doit argumenter un nouveau projet collectif de la Bretagne. La situation de l’Europe, un Etat français sclérosé, le dynamisme breton, voila sur quoi il faut s’appuyer pour exiger les pouvoirs de décider nous mêmes de notre destin.
Exact, pour se forger un futur, il faut se baser sur le passé ET sur le présent. Sinon on n’arrive à rien, ou du moins rien de valable.
En fait dans un premier temps j’avais écrit « plus que l’histoire… » et puis je me suis corrigé afin de ne pas choquer mais en fait c’est plutôt le fond de ma pensée. Ce n’est pas parce que la Bretagne fut indépendante qu’elle a vocation naturelle a le redevenir et en appeler à Nominoé ohé ohé restera sans écho si on reste le nez dans nos livres poussiéreux
ici et ailleurs, j’ai écrit que ce n’est pas le passé qui nous donne des droits ou pas. C’est le présent. L’exemple du Pays nantais: c’est par ce qu’aujourd’hui les sondages sont majoritairement favorables à la Bretagne, non parce que, jadis, etc.
Par contre. Si on entend parler en France de « régions à forte personnalité » (pour éviter d’employer les mots, admis internationalement, de « minorités nationales » ou de « nationalités »), il est rare qu’elles n’aient pas vécu longtemps hors de la communauté française. Il y a évidemment une interaction entre des situations (politique, géographiques et autres) avec un sentiment d’appartenance et des identités culturelles objectives. Il y a eu indépendance, un peu, parce qu’il y a un peuple breton, il y a un peuple breton, un peu, parce qu’il y a eu indépendance.
Mais, concernant Nominoë, etc., il est criminel de ne pas libérer les voies d’accès des bretons à la connaissance de notre passé. La poussière qui le recouvre n’est pas une fatalité. Beaucoup d’enseignants devraient méditer ça.
On ne doit pas se baser uniquement sur le passé pour justifier des attentes futures. En revanche rien empêche de connaître ce qu’il est arrivé à notre peuple il y a 100, 500 ou 1000 ans. Comprendre comment et pourquoi nous en sommes arrivés là, comprendre ce que nous avons perdu et ce qui est en voie de disparition si l’on ne se concentre pas tous et toutes sur le présent et sur l’avenir. Savoir d’où l’on vient aide à savoir où on peut aller, à condition d’admettre que la route à emprunter n’est plus la même.
Pour savoir qui l’on est, pour ne vas vivre en aliéné, en étranger à soi-même, il faut bien savoir d’où l’on vient et ne pas être soumis à une histoire officiellle qui vous fait autre que ce que vous êtes.
On ne peut pas prendre des décisions dans le présent et pour l’avenir dans l’ignorance de son passé.
Or aujourd’hui, la grande majorité des Bretons ignorent leur histoire, et cette ignorance est une faiblesse et une aliénation. L’école substitut à leur histoire une autre histoire, l’histoire officielle, qui les maintient dans une forme de soumission.
Tout à fait. Bon, soit dit en passant je suis moi-même plutôt indépendantiste. Mais je pense que ce qu’il vaut mieux chercher à atteindre en premier lieu, c’est un certain degré d’autonomie. Et justement on me dit très souvent que rares sont les bretons à être pour l’autonomie. La plupart se foutent royalement de la liberté de la Bretagne. C’est un discours qu’on entend souvent. Le soucis, c’est que ça devient une évidence : si la majorité des bretons ne suivent pas, alors c’est que nos demandes sont absurdes, que nous parlons au nom de bretons qui se foutent de nos idées, et que, pire encore, en voulant l’indépendance, l’autonomie ou simplement plus de liberté pour la Bretagne, nous voulons imposer à une majorité les désirs d’une minorité. Et je trouve plutôt risible que les Français utilisent ce genre d’arguments contre nous. Alors oui les Bretons ne connaissent pas leur histoire, et cela influence très largement le sentiment d’appartenance de chacun. Mais je me demande si les Français eux-mêmes connaissent leur histoire et en particulier ce que leurs ancêtres ont fait subir aux peuples de l’hexagone qui sont dits « minoritaires ».
En d’autres termes, quand on leur parle d’une Bretagne de demain qui serait libre, ils nous répondent : « n’importe quoi ! la Bretagne ne survivrait pas ! » Et quand on leur dit qu’elle a pourtant été libre pendant 700 ans, beaucoup ne peuvent que nous répondre « Ah bon ? ».
Il est évident que le degré d’ignorance entretenu par « l’Education Nationale » touche aussi bien les Bretons, les Basques, les Occitans, les Corses… que les Français eux-mêmes.
Et autant que l’Histoire, je pense que ce qu’il faut éclaircir c’est une notion trop souvent mal comprise ou mal interprétée : est-ce que se battre POUR la Bretagne c’est se batte systématiquement CONTRE la France ? Bien sûr que non. Encore faut-il pouvoir l’expliquer et avoir en face de soi des gens aptes à comprendre et surtout à accepter.
les sondages semblent montrer que les bretons sont pour l’autonomie, à condition …de ne pas utiliser le mot !
Car l’autonomie, c’est un pouvoir dit régional accentué, mis aux normes européennes.
Mais peut-être vaut-il mieux utiliser un autre mot, à condition de le trouver. Eventuellement « Dévolution »?
Je ne suis pas pour l’indépendance, ni de la Bretagne, ni de la France, mais pour une Europe fédérale. Ceci, même si les écossais en parlent. Mais, là encore une question sémantique.
Une majorité de bretons est prête à accepter l’idée d’une autonomie « régionale ». Elle pourrait accepter, dans une deuxième temps, le statut particulier qui est dû à une nation comme la nôtre. Ils auront enfin accès à la liberté d’information, d’éducation, à la liberté de pensée. Un grand pas pour les bretons et un assez grand pas pour l’humanité.
Et le futur plus lointain nous dira si le peuple breton aura le droit, un jour, de traiter en direct avec Bruxelles. Chose qu’il sera alors en mesure de revendiquer.
Les mots font souvent peur, et ils ne sont pas tous toujours adaptés à telle ou telle situation. Si indépendance il doit y avoir, celle-ci viendra quand tout le monde sera prêt à l’accueillir, après l’autonomie. Je n’aime pas trop le discours de ceux qui ne veulent lutter que pour l’indépendance. Brûler les étapes n’a jamais rien apporté de bon. Autant commencer par ce qui est à notre portée. Pour le reste, même si on peut le désirer, le choix sera donné à nos enfants, petits-enfants, etc…
Mais surtout il ne faut pas perdre de vue les priorités. L’indépendance, ce n’est pas important à l’heure actuelle. Ce qui l’est, c’est déjà la défense de la langue bretonne, la réunification, l’accès à des libertés pouvant influer directement sur l’économie de la « région », etc…
Par contre on peut se demander si la réunification, justement, pourrait survenir dans le cadre actuel ou bien s’il faudrait déjà acquérir avant ça un certain degré d’autonomie.
Après, si le respect réel de la langue, de la culture, de l’Histoire et de l’identité bretonnes dans l’Hexagone doit passer par l’indépendance, je dis oui sans hésiter. Mais c’est un avis personnel. Si cela passe par l’autonomie, je dirai oui également. Peu importe, au final, du moment que nous avons le droit d’être nous-mêmes, et toujours, bien sûr, dans le respect des autres identités.
mais, parlant d’indépendance, vous parlez de quitter l’Europe. Vous envisagez un seul état indépendant de l’europe à l’ouest de l’europe?
Ah non, je ne parle absolument pas de quitter l’Europe, au contraire. Simplement d’y être considéré à égalité avec les autres pays. Il y a peut-être des mouvements indépendantistes qui veulent d’une Bretagne « séparée » de l’Europe, je ne sais pas trop… En tout cas ce n’est pas du tout ce que je préconise. Pour moi ce qui serait idéal à long terme, c’est que la Bretagne soit égale aux autres pays, au sein de l’Europe, voila tout. Je suppose que l’on peut me dire indépendantiste « soft », par rapport à d’autres.