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A l’occasion du 60ème anniversaire de la renaissance de la TELENN , je voudrais, pour commencer, adresser un immense merci à Alan pour sa musique sublime. Grâce à sa HARPE , il est devenu (anagramme oblige !) le PHARE de la musique celtique.
Ensuite j’aimerais faire sortir de l’ombre quelques personnages qui ont eu leur heure de célébrité et qui ont un rapport avec cet instrument magique qu’est la harpe, qu’elle soit classique ou celtique.
Une harpiste lorraine de la fin du 18e siècle : Anne-Marie Steckler (1766 – v.1824)
Il y a un peu plus de 60 ans déjà, » un petit enfant de huit ans, tous les soirs, pendant un an, voyait un instrument étrange prendre forme, peu à peu, sous les mains de son père.
Un jour, la première corde fut posée, enfin.
L’enfant la toucha. Un son d’une beauté divine s’en échappa.
Il en fut émerveillé comme par un enchantement magique, si bouleversé qu’il demanda, dans l’instant, qu’on lui trouve un professeur. »
Un jour, la première corde fut posée, enfin.
L’enfant la toucha. Un son d’une beauté divine s’en échappa.
Il en fut émerveillé comme par un enchantement magique, si bouleversé qu’il demanda, dans l’instant, qu’on lui trouve un professeur. »
Le 28 novembre 1953, cet enfant se produisit pour la première fois en public faisant découvrir le son magique de la telenn ressuscitée par son génie de père.
Cette belle histoire peut faire penser un peu à ce qui s’est passé à Metz deux siècles auparavant avec la jeune Anne-Marie. Celle-ci était la fille de Christian Steckler qui s’était établi en 1770 à Metz comme menuisier, puis, en 1776, comme luthier et facteur d’instruments (notamment orgues et clavecins). Je ne sais pas s’il fabriquait aussi des harpes. Toujours est-il que son atelier était fréquenté par Jean-Baptiste Krumpholtz, un célèbre harpiste (élève de Haydn) originaire de Bohême. Celui-ci décela chez la fillette – qui, j’imagine, avait sans doute dû avoir, comme Alan, un coup de foudre en découvrant un instrument merveilleux – des dispositions particulièrement remarquables pour la harpe. Il se chargea de son éducation musicale et l’emmena à Paris pour qu’elle puisse se perfectionner. Anne-Marie avait à peine 13 ans lorsqu’elle se produisit en décembre 1779 devant Marie-Antoinette au cours d’un concert spirituel.
En ce qui concerne le répertoire de notre musicienne, il comprenait évidemment les concertos composés par son pygmalion, devenu par la suite son mari, mais aussi quelques petits airs villageois comme Lison dormait. Il paraît qu’elle jouait ces petits airs variés pour détruire un préjugé répandu dans le public contre la harpe. Plusieurs accoucheurs interdisaient en effet la harpe aux femmes enceintes (!!!). Pour montrer que la harpe n’était nullement dangereuse dans cet état, Anne-Marie continua d’en jouer elle-même, jusqu’au moment d’accoucher. Craignant cependant qu’un grand concerto soit trop fatigant, elle se contentait de jouer de petits airs.
Quant à Jean-Baptiste Krumpholtz, auteur de Principes pour la harpe, il a laissé une oeuvre importante : 18 concertos, des duos, des quatuors, des symphonies, des sonates pour harpe et orchestre, hélas bien oubliés aujourd’hui.
Il travailla aussi constamment à perfectionner son instrument. Le 21 novembre 1787 (décidément novembre semble être le mois de la harpe !!!), il présenta à l’Académie des sciences une harpe construite sur ses indications par le facteur Nadermann; elle comportait deux pédales : l’une pour augmenter ou diminuer les sons, l’autre qui plaçait une sourdine sur les cordes. Cette invention sera encore perfectionnée plus tard (1811) par Sébastien Erard qui créera la harpe dite » à double mouvement « .
Une femme de lettres native de Metz : (Sabine-Casimire) Amable Tastu (1798-1885)
Elle fut assez célèbre à l’âge romantique avant de tomber dans un oubli total. Elle connut de grandes figures de la littérature du XIXe siècle, notamment Victor Hugo, Sainte-Beuve, Lamartine, Chateaubriand, Benjamin Constant.
A 18 ans, elle épousa Joseph Tastu, un imprimeur de Perpignan qui vint s’installer à Paris rue de Vaugirard (la rue où un illustre musicien breton avait son bureau dans les années 70 !!!)
C’est lui qui, en 1826, avant d’être ruiné lors de la crise industrielle de 1830, publia son premier ouvrage, un recueil de poèmes, intitulé tout simplement Poésies.
Après la faillite de son mari, Amable Tastu se servit de sa plume pour écrire des ouvrages plus alimentaires : anthologies, ouvrages d’éducation, cours élémentaires d’Histoire de France et traductions de l’anglais.
La pièce qui ouvre le recueil Poésies s’intitule L’Écho de la Harpe.
Le mot » harpe » désigne tantôt l’instrument (du barde), tantôt l’inspiration poétique (de notre poétesse romantique).
L’Écho de la Harpe
My gentle Harp ! once more I waken
The sweetness of thy slumbering strain.
Th. Moore.
Ma douce Harpe ! j’éveille encore le charme
de tes accords endormis.
*
Pauvre Harpe du barde, au lambris suspendue,
Tu dormais, dès long-temps poudreuse et détendue !
D’un souffle vagabond la brise de la nuit
Sur ta corde muette éveille un léger bruit :
Telle dort en mon sein cette harpe cachée,
Et que seule la Muse a quelquefois touchée.
Alors qu’un mot puissant, un songe, un souvenir,
Une pensée errante et douce à retenir,
L’effleurent en passant d’une aile fugitive,
Elle vibre soudain; et mon âme attentive,
Émue à cet accord qui se perd dans les cieux,
Garde du son divin l’écho mélodieux.
Amable Tastu a également écrit un poème intitulé Le Barde, un barde irlandais qui n’a vraiment pas l’air d’avoir » la hargne au coeur » !!!
LE BARDE
*
Imitation de Thomas Moore
*
Oh ! blame not the Bard…
*
Ne blâmez point la molle rêverie
Qui m’aide à fuir les pensers glorieux;
Je ne puis rien aux maux de ma patrie :
Je veux du moins en détourner les yeux.
Festins, où naît l’éclatante saillie,
Apportez-moi vos plaisirs renaissans :
La coupe d’or, l’amour et la folie
Vont désormais inspirer mes accens;
Et toi, ma harpe, en vantant le sourire,
Le doux caprice, armes de la beauté,
Oublie, hélas ! que tu saurais redire
Ces mots sacrés : Vengeance et Liberté.
Ne blâmez point la molle rêverie
Qui m’aide à fuir les pensers glorieux;
Je ne puis rien aux maux de ma patrie :
Je veux du moins en détourner les yeux.
Oui, cette corde, âme d’un luth sonore,
Courberait l’arc au signal du danger;
Elle saurait, sous la main qui l’honore,
Lancer le trait fatal à l’étranger.
Mais contre Érin l’injuste sort conspire.
Le seul flambeau qui nous guide aux honneurs,
A ce bûcher où la patrie expire,
Doit emprunter ses funèbres lueurs.
Ne blâmez point la molle rêverie
Qui m’aide à fuir les pensers glorieux;
Je ne puis rien aux maux de ma patrie :
Je veux du moins en détourner les yeux.
Ah ! qu’un rayon, qu’un éclair d’espérance,
Perce la nuit qui voile mon pays !
Qu’un seul guerrier ose saisir la lance,
Qu’un seul instant à mes voeux soit promis !
Entre mes mains la coupe déjà prête
Verra ses flots à mes pieds répandus;
Du myrte oisif, arraché de ma tête,
Je couvrirai le fer d’Harmodius.
Ne blâmez point la molle rêverie
Qui m’aide à fuir les pensers glorieux;
Je ne puis rien aux maux de ma patrie :
Je veux du moins en détourner les yeux.
Trompeur délire ! espérance insensée !
Érin, Érin, antique amour des mers,
Tu n’as gardé de ta gloire passée
Qu’un souvenir qui vivra dans mes vers.
Mes chants, portés sur les vagues lointaines,
A l’univers rediront tes malheurs;
Et nos tyrans, même en rivant tes chaînes,
S’étonneront de répandre des pleurs.
Ne blâmez point la molle rêverie
Qui m’aide à fuir les pensers glorieux;
Je ne puis rien aux maux de ma patrie :
Je veux du moins en détourner les yeux.
Posté : 29/11/2013 2:24 am
Merci pour ces découvertes passionnantes .
Yann-Bêr
Posté : 29/11/2013 4:04 am
Merci Ico, très intéressant!
Posté : 29/11/2013 9:50 am
Comme quoi il y a des « destins » parallèles…Merci
Posté : 29/11/2013 3:11 pm
merci icovellauna, pour cette info très interessante et que pour ma part même en étant messine (d’adoption) je ne connaissais pas !j’avoue ma crasse!!
» Plusieurs accoucheurs interdisaient en effet la harpe aux femmes enceintes (!!!) » c’est vraiment incroyable , d’autant plus que maintenant, la plupart des harpistes « classiques » sont des femmes…
francine
Posté : 29/11/2013 3:48 pm
A vos harpes, prêts, partez !
Suite au message d’Alan, célébrons la renaissance de la telenn pendant toute une année !
Posté : 22/12/2013 2:00 pm
Tout à fait d’accord….60 ans de renaissance, déjà !!! Me concernant, ça fait 40 ans cette année que j’ai découvert cet univers merveilleux et que je joue de la telenn (avec moins de talent qu’Alan ça va sans dire) !
2014, année de la harpe celtique ! On fait des affiches ?
Posté : 22/12/2013 2:21 pm
Merci Ico , bien intéressant comme toujours
Et que ça continue Alan !
Posté : 22/12/2013 2:59 pm
Des affiches… pourquoi pas…
Posté : 22/12/2013 3:05 pm
TRUGAREZ ALAN POUR LE CADEAU ET BRAVO AU GWENMASTER !
Posté : 07/01/2014 8:55 am
Quelle excellent idée, grand merci à tous deux, vraiment !
Posté : 07/01/2014 10:26 am
Merci, une chouette idée !
Gwell
Posté : 07/01/2014 2:18 pm
Merci, mais j’ai la chance inouïe (apparemment on ne le trouve plus) d’avoir l’original.
Posté : 07/01/2014 5:11 pm
Ben non, on ne le trouve plus, alors la chance de le voir on line, c’est un joli cadeau pour nous 🙂
(garde le précieusement, Stephan, ton exemplaire, des fois que je vienne te le chiper, une nuit de tapis-volanterie efficace et secrète …)
Posté : 07/01/2014 5:24 pm
Je viens juste de changer mes fenêtres : double vitrage anti tapis volants garanti !
Posté : 07/01/2014 5:29 pm
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