En voilà une nouvelle qu’elle est bonne ! Merci Laurent
Merci Laurent, la commande est passée 
Si j’écrivais un roman sur la lande, j’y mettrais des ajoncs et des eaux dormantes, des ciels de solitudes, des granits, des genêts. J’y mettrais des tempêtes et des villes englouties. Des barques à l’échouage et d’antiques épaves. Trois jeunes matelots ignorant des périls et des pêcheurs inquiets devant l’état des mers. Il y aurait des oiseaux endeuillés de mazout, du chou vert pourrissant envahissant la côte. Il y aurait des légendes dans un autre parler, de lourds calvaires moussus et des saints sur les places. Des brumes venues d’Irlande sur l’autel d’anciens dieux. Des chemins de terre, des murets éboulés, des pierres – contre des fusils -, des mémoires de sabots, de sardinières en grève, d’usines hérissées et de goémoniers. La colère de Milig et l’écorchure de Grall. Des coopératives, des vies réenchantées, des liens tressés de chanvre et de fraternité.
Il y aurait des champs, des rocs, des rêves de chevaux, des attelages mécaniques. Des ports à marée basse. Des treuils, des amarres, des cageots de plastique et des casiers d’osier. Des binious braz, des battle drums, des chants et contre-chants. Des tables de mixages et des programmateurs. Des danses de pauvreté et des transes électriques. Un pays sans frontières, une terre d’accueil.
Il y aurait tout ce que j’ai entendu dans la musique d’Alan Stivell, moi le parisien tête de chien, banlieusard tête de lard. Depuis qu’une harpe celtique m’a fait battre le coeur. Elle accompagnait Graeme Allwright et vous étiez encore Alan Cochevelou. Je vous ai suivi depuis, sans jamais vous connaître autrement qu’en musique. Comme on le fait en rêve en filant la comète. Vous traciez un chemin de racines où poussaient les demains. Ils ont été les miens. Avec vous j’ai dansé le an dro boulevard des Capucines et sifflé la Guinness aux comptoirs de Dublin, j’ai écouté, ébloui, des symphonies celtiques où des synthétiseurs se mêlaient aux bombardes, des haïkus japonais et des gwerzioù tragiques .
Vous m’avez accueilli sur des terres ouvertes, émancipées des capitales tentaculaires et des cités musées que les regretteurs d’hier voudraient s’approprier. Votre musique est un pont suspendu, une fenêtre ouverte. A l’heure des fermetures et des replis sur soi, elle demeure citoyenne du monde. Belle et nécessaire. Elle épousait, hier, nos utopies levées. Elle accompagne, depuis, toutes leurs transmutations. L’imparfait n’a pas cours pour qui creuse sillon. Le vôtre est irrigué par une source vive.
Merci Laurent pour ce texte empli de l’émotion de son auteur.
Yann-Bêr
Magnifique texte…merci !
Et mon exemplaire doit arriver vendredi ou samedi !
Je vais aller voir ça, merci merci!!
Bonne année à tous les fans d’Alan! Santé, joie et musique!
Quelques extraits de presse autour de la bio ici: https://lemotetlereste.com/musiques/alanstivell/
Entretien dans le « Bretons » à paraître le 26 janvier 2018.
Merci Laurent…et bravo pour cette nouvelle édition de ta biographie. Je me suis délecté en la lisant…et on arrive trop vite à la fin comme tout livre qu’on apprécie. A relire dans quelque temps.