j’ai inauguré ma nouvelle harpe à Plaisir (ça ne s’invente pas).
Une longue histoire commencée dans ma tête en 2007.
La Stivell-Camac est une très bonne expérience. Mais, 1ère chose, trop lourde et trop grande pour les voyages avion. Comme je n’envoie pas mes protos en soute, on nous demandait souvent deux places en cabine, et encore on évoquait parfois l’idée de devoir payer 3 places!
Jeff en façade maîtrise bien sa sonorisation, mais il faut reconnaître qu’un relatif manque d’isolation des piezzos laisse passer beaucoup du son de scène dans la harpe, et aussi les résonances des différents registres se mélangent un peu.
J’ai repris crayons, règles et papiers.
Le cordage de la Camac-Stivell s’inspirait de loin de ma Telenn gentañ.
Cette fois, j’ai voulu reprendre exactement celui-ci. Toujours 33 cordes. Simple différence: je la fais démarrer deux notes « et demi » (la dernière ayant deux mécaniques pour être un lab, un la bécarre et un sib) de plus en grave, deux notes de moins à l’aigu. Donc c’est une soeur, version solid-body, de ma toute première.
J’ai d’abord fait un croquis correspondant à l’envie de revenir à des formes plus arrondies, moins agressives, une inspiration des harpes de l’époque où elle était reine en Bretagne, donc avant les harpes gothiques et « Brian Boru », celles des cathédrales de Treguier, Kemper, Santiago. Plus arrondie, donc plus compacte. La pureté de la ligne lui gardant une image moderne.
Mon choix de Denis Brevet pour la lutherie, car il fait de belles reproductions de harpes celtiques anciennes, à proximité de la frontière bretonne, pas trop loin de Rennes.
Je lui ai demandé de reprendre précisément les cottes du cordage « Cochevelou T.Gentañ), et (même méthode que pour la Camac-Stivell), mon croquis a été adapté aux dimensions du cordage.
Camac n’aurait pas pu réitérer un tel travail pour une pièce unique. Pas d’incidence sur nos rapports. Jakez m’a fait cadeau d’un set de leviers.
Car, contrairement à mes solid-body précédentes, je suis revenu à des mécaniques de demi-tons utilisées pour les celtiques acoustiques. C’était un peu beaucoup de faire réaliser, comme avant, des mécaniques totalement spéciales, sans compter une plus grande difficulté si besoin d’un remplacement. Je me suis inspiré pour l’occasion des harpes sud-américaines qui ont « choisi » d’être semi-chromatiques, comme je l’avais fait pour l’idée de cordes centrales.
(A SUIVRE)
l’histoire de cette harpe est un vrai roman commencé en 2007 et abouti, ou presque, en juin 2011.
Cherchant quelqu’un qui pourrait s’occuper de la partie électronique, dont le « midi » (instrument pouvant piloter synthés, etc.), je suis tombé sur un allemand, Bernhard Schmitt. Nous nous sommes rencontrés lors de mon concert à Nuremberg. J’ai pu constater que sa harpe fonctionnait très bien en midi.
On est tombé assez vite d’accord sur l’idée q’il ferait la partie électronique d’une harpe dont la lutherie serait réalisée par Denis Brevet.
Cette partie lutherie a été plus longue que prévu: par exemple les mécaniques de guitare et de basse commandées se sont avérées hors stock, repoussant de plusieurs semaines. Puis Bernhard Schmitt a abandonné le projet: finalement l’idée qu’il ne soit pas le facteur de la harpe elle-même ne passait plus.
C’est alors que je me suis souvenu de mon presque voisin Fréderic Pons (Kopo) qui m’avait réalisé une harpe électrique vers 1998.
Je n’avais pas pensé à lui car je restais scotché à l’idée du midi. Mais j’avais abandonné l’idée pensant revenir à un concept plus simple: une solid-body avec des piezzos. Il m’a répondu favorablement, puis m’a orienté vers des piezzos Graphtech. Quelle ne fut pas ma surprise et ma joie de m’apercevoir que ces piezzos étaient construits pour aller également vers le « midi ». Cela me permettait donc de revenir à mon projet initial.
(A SUIVRE)
Quand Fred a placé les piezzos et fabriqué le boîtier préampli (car cette fois, seulement des câbles, pas de préamps ni de potars intégrés à la harpe, juste une sortie style informatique 40 broches). Une fois le choix de cordage définitif (un compromis entre la Telenn gentañ et la Stivell-Camac), de nouveaux réglages, notamment des leviers demi-tons, un ajout décoratif pour la ligne générale, mais aussi pour la protection des mécaniques guitare et basse. Entre temps, il s’est avéré qu’il fallait changer les mécaniques guitare pour un autre modèle.
Cette harpe aura été quand même une vraie saga.
Par exemple, Tom Marceau, un autre luthier guitare-basse rennais a détecté une anomalie sur un module du boitier pré-amp amenant un léger buzz. Ce problème est résolu, reste après les dates d’Eté quelques petits aménagements de consolidation de l’ensemble. Il faut dire que le cahier des charges a commencé par la question légereté. Reste aussi à fabriquer le boîtier qui permettra (à l’automne) de piloter un seul expandeur midi à partir de cinq Outs 13 broches. Le midi marche, mais, effectivement pour le moment il me faudrait cinq expandeurs ou pédaliers guitare.
Sachant que, depuis quelques temps, j’ai alourdi quelques peu mon installation en scène: mon pédalier de contrôle midi de ma console 01V (pour les effets) la pédale volume de la harpe naturelle, l’interrupteur à distance de ma pédale disto, le pédalier looper, l’étouffoir.
Il ne faut pas penser seulement aux doigts et aux paroles, mais aussi aux pieds (mais, après tout, il y a des organistes).
on trouve des bouts de mon concert en Cantabrie sur le Net. Il est vrai que les lights ne rendent pas forcément très précis les contours de ma nouvelle harpe, ni le son.