Musique transversale et fusion celtique
Alan Stivell est à la base du concept de Musique Celtique et de sa diffusion dans le grand public.
Pour autant, ce que les gens mettent dans ce mot est restrictif malgré sa richesse.
Le terme « Musique Celtique » auquel tient beaucoup Alan Stivell, n’évoque pas tous les aspects de sa musique. Alan Stivell est tout autant un des chantres du « Cross-over » ; car il a été, est un des ardents défenseurs des métissages culturels.
Si Alan Stivell a popularisé la Musique bretonne et celtique modernes, il a été, dans le monde, un des précurseurs de plusieurs genres musicaux :
Folk-rock ou Ambient, et surtout World-Music, dont il a été le théoricien dès son album Reflets en 1970.
Au début des années 50 (dès l’âge de 9 ans), ses premiers récitals soulèvent l’émotion du public de l’Unesco, de la cathédrale de Vannes, de l’Olympia et font renaître la harpe celtique.
Il est d’emblée envahi par une passion inébranlable pour la civilisation celtique, en particulier pour la musique, qu’il conceptualisera, modernisera et popularisera.
Très tôt (1958), il dessine les premières harpes électriques, ébauche une symphonie, en même temps que ses premiers enregistrements à la harpe celtique et peu avant l’idée du Rock celtique.
En 1966, il commence à chanter.
L’année suivante, il accepte de la maison Philips-Fontana (aujourd’hui Universal) la proposition d’un premier contrat international.
Ses premiers récitals ont une influence certaine déjà avant 1970.
L’album « Reflets » marque le coup d’envoi (après un premier single pro. et perso.: Brocéliande-Son ar chistr, chanson aux innombrables reprises dans le monde). C’est aussi un manifeste pour une musique métissée (il est l’un des précurseurs de la future « World-Music »).
Son 3ème album, « Renaissance de la harpe celtique », enregistré en 1971, suscite la vocation de milliers de harpistes à travers le monde (amenant jusqu’à des Japonais à en fabriquer).
Son « Pop-Plinn », fusion rock-breton, puis surtout le concert (fév. 1972) et l’album à l’Olympia (2 millions d’ex. vendus) entraînent un énorme engouement : on parle d’un « phénomène Stivell » qui change l’image de la Bretagne.
Ayant déjà joué en Italie, en Irlande et à Londres (Queen Elizabeth Hall en 1968 avec les Moody Blues), sa carrière internationale se développe surtout à partir de 1973 : les grandes salles d’Europe, d’Amérique, d’Australie, les festivals rock, les plateaux télé.
Il passe régulièrement au nouveau Festival Interceltique de Lorient (sa Symphonie celtique en 1979-80) qu’il affectionne, comme il visite à Londres le Royal Festival Hall ou l’Albert Hall, à Dublin le National Stadium ou The Olympia, en Californie le Beverly Theater, remplit les palais des sports australiens et les stades italiens.
Alan, pourtant, n’est pas à l’aise avec ce statut de « star » : pendant les années 80, il sort des albums qui lui tiennent à cœur, mais plus difficiles, mais il tourne toujours beaucoup internationalement (Italie, USA, Canada…).
Après « Legend » et « The Mist of Avalon », en 1993, il actualise ses titres incontournables (avec notamment Kate Bush) : l’album « Again » et la tournée qui suit en 1994 sont un triomphe (jusqu’à 1000 disques vendus par jour). A nouveau, grand public et nouvelles générations sont au rendez-vous.
Il est suivi par un magistral album réalisé par Martin Meissonnier, « Brian Boru ». Pour « 1 Douar », il invite Youssou N’Dour, Jim Kerr, Paddy Moloney, John Cale.
100.000 de ses disques se vendent tous les ans (jusqu’à la crise du disque).
Les débuts du nouveau siècle sont marqués, notamment, par l’album anniversaire « Au-delà des mots », son livre «Telenn, la harpe bretonne» et le DVD «Parcours» (en quelques mois DVD d’or), puis l’album avant-gardiste « Explore » (qui est programmé sur radio-France) et, plus fédérateur, « Emerald ».
De multiples créations sont venues, depuis, compléter son oeuvre: le Best of « Ar pep gwellañ » en 2012, le DVD live « Olympia 40th Anniversary », de même que le livre (co-écrit avec Thierry Jolif) » Sur la route des plus belles légendes celtes » sorti chez Arthaud-Flammarion en 2013, l’album AMzer (consacré à la poésie depuis les haïkus japonais jusqu’à celles de poètes irlandais du XXème siècle), en 2015, Human-Kelt, avec, à nouveau, de nombreux invités prestigieux (André Corr, Francis Cabrel, Claude Sicre, Bob Geldof, Yann Tiersen, Angelo Branduardi, Fatoumata Diwara) en 2018. Et, bien sûr, son autobiographie « Stivell par Alan », autrement dit « Une vie, la Bretagne, la musique » chez Ouest-France, ainsi que quatre Vinyles re-gravés par PIAS en 2023.
Hier et aujourd’hui, ses concerts sont complets et très différents d’une année sur l’autre, et même d’un concert à l’autre: d’une tendance « électro-world-rock » à cinq sur scène, ou bien symphonique, comme avec l’Orchestre National de Bretagne (Liberté à Rennes et Pleyel à Paris, avril 2022), ou revenant à l’intimisme, avec un seul musicien aux claviers (Tangi Miossec) dans les églises et les cathédrales, c’est un Alan à, au moins, trois facettes s’exposant à qui veut le voir pour y croire et l’entendre pour comprendre.
Sa démarche a toujours été marquée par
- une grande écoute des autres,
- des métissages inédits,
- la recherche et l’innovation, les nouvelles technologies,
- en même temps que l’attachement à sa culture propre
C’est, depuis le début, une fuite en avant :
- quand il ébauchait les « harpes du futur »,
- quand il «électrifiait » sa première harpe bardique (il joue actuellement sur un tout dernier prototype).
- quand il introduisait des instruments nouveaux du monde du rock ou d’autres cultures
- puis quand il amena les premières influences électro et hip-hop à se mêler aux sonorités bretonnes.
Ses recherches musicales continuent. Elles ne doivent pas faire oublier :
- le chanteur, au phrasé aussi inimitable qu’original
- et l’auteur, qui mixe très naturellement les styles et les langues.