NATIONALISMES

Première chose : ne pas oublier que les langues et les cultures ne donnent pas tout à fait le même sens à ce terme, comme à « nation ».
La « nation » d’un anglophone, celle d’un francophone et celle d’un bretonnant n’est pas tout à fait la même.

Aucune, par contre, n’est sans ambiguité.

« Nèyeshonn », prononcé à l’anglaise, comprend un élément culturel, comme la « Broad » bretonne, mais comme aussi la vision française non officielle.

Les Français ont un discours officiel, mais aussi un ressenti personnel et collectif bien différent, ressortant dans les conversations et débats.
L’officiel s’en tient à une vision citoyenne et universaliste, où une nation est cimentée par un État et que par un État. Ce qui relève de l’ethnoculturel, la langue française notamment, est ce qui ressort des conversations privées ou publiques, à l’insu même des protagonistes : j’ai entendu mille fois, sur des plateaux télé, des commentateurs multi-diplômés et respectés, rétrograder à la baguette de pain et à « notre » langue nationale, sans que la moindre attention leur permette de réaliser qu’ils retombent dans l’ethnoculturel et dans la domination physique d’un groupe culturel humain sur d’autres communautés culturelles. Ceci est devenu tellement naturel que le signaler est condamné à être rejeté en enfer !

Il y a une grande hypocrisie pour des Français à se draper derrière l’expression « universaliste » pour mieux éradiquer la culture, la philosophie, de ceux qui ont été conquis parce que moins nombreux, moins riches en canons et en épées. Quand ces conquêtes ont été acceptées, reconnues par la communauté internationale des états, admettons qu’on ne puisse remettre en cause en permanence toutes les frontières, sous peine d’un monde totalement invivable, à feu et à sang. Le monde, justement, serait censé veiller à ce que, dans les statuquos, le pays qui administre ces peuples ait un respect acceptable de ces mêmes peuples. Le « pays administrateur » dès lors les administre au nom de l’humanité. À elle appartient toutes ces cultures ; ce n’est pas la propriété de la France ou d’un autre état. Ce respect acceptable permettrait à ces minorités de survivre à l’intérieur de ces frontières, sans qu’elles soient amenées à la révolte pour obtenir leur dû. Mais les instances internationales sont évidemment aux mains des états. Tout est en place pour la violence.
Combien de sages au milieu des fous ?

Le terme « nationaliste » restera toujours totalement ambigu.
Qu’on le pense ou non, qu’on le veuille ou non, accoler ISME à NATIONAL, au fond des choses (de l’inconscient ?) veut bien dire que la NATION serait LA valeur centrale. C’est une vision horriblement réductrice de la vie sur Terre.

Sous les racines de ce mot, on perçoit quelque chose d’assez effroyable s’il est utilisé par une nation puissante. Car cela sous-tend le désir d’encore plus de puissance, c’est-à-dire l’affaiblissement ou l’éradication de tout ce qui bouge autour, voire dedans…
On a là le degré 100% du nationalisme, comme les personnages fous de pouvoir ont un égo à 100%.

Quelle pauvreté sémantique obligeant les petits peuples en extinction à utiliser ce même mot pour parler de leur combat pour la survie !
Un même mot pour un « nationalisme » purement défensif et un nationalisme offensif. Il faut avoir le sens des degrés et des nuances pour comprendre qu’un peuple minoritaire, comme nous les Bretons, Bretonnes, ne peut se passer d’un « nationalisme », minimum vital, comme l’individu doit avoir le minimum d’égo lui permettant de ne pas disparaître. L’égo à 1% versus l’égo à 100%, le nationalisme à 1% versus le nationalisme à 100%. Le changement de degré fait changer de nature.
Il est vrai que la langue française en particulier n’aide pas dans tous ces domaines.
Remplacer par le mot « patriotisme » ? Le problème resterait son côté machiste…
Heureusement il y a le MATRIOTISME breton. La patrie étant chez nous la MAMMVRO (la maman-pays).

Comme la société française et d’autres ont admis un jour que les gens de couleurs n’étaient pas des singes, et, bien plus tard (crime de degré moindre) que la langue bretonne n’est pas un patois, pourquoi ne pas espérer d’autres progrès (grâce à l’influence anglo-américaine ?) et qu’elle admette une vérité indubitable (en 80 ans, j’attends encore l’argument contraire) : les Bretons-Bretonnes sommes un peuple, la Bretagne n’est pas une nation-état, mais une nation sans état et donc minorité nationale (reconnue hors frontières françaises quoique peu aidée).
C’est un intérêt égoïste et erroné qui permet jusqu’ici un déni aussi criant.

L’instinct de conservation breton permettra, je le crois, de passer outre et de reconquérir d’ici 2032, l’autonomie volée depuis 1532, les cinq départements réunis, pour une Bretagne renforcée, autant dans son économie que dans sa culture. La France devrait-elle souffrir du souffle positif d’une Bretagne s’épanouissant à l’Ouest ?

En tout cas, que le sort nous protège de la folie des ÉGOS démesurés et des NATIONALISMES SUPREMACISTES, que nous puissions vivre dans une certaine harmonie internationaliste des peuples qui permettrait à l’humanité un dépassement sans limites.
Mais les égos sont là, reste à espérer le moindre mal.