OBSERVATIONS PLUS GENERALES

Les Bretons bretonnants ayant quelque sentiment d’identité se sont très longtemps (parfois jusqu’à la fin du XIXème siècle) senti plus proches de l’autre côté de la Manche que de la France.

Personne n’a pu proposer d’arguments pour accorder à d’autres le nom de « peuples », « nationalités » ou « minorités nationales » qui ne soient pas applicables aux Bretons. L’éducation française a réussi à créer un déni jusque dans les milieux intellectuels. Comme je l’évoquais plus haut, selon un processus automatique ou réflexe de défense, la France a bétonné tout ce qui lui paraitrait la fragiliser.
Le concept français de Nation (confondu avec celui d’État, contredisant le potentiel droit des peuples reconnu théoriquement à l’ONU) n’est pas naturellement celui des Bretons, il est juste imposé par une majorité qui n’a évidemment pas une pensée bretonne. Notre concept est plus proche de « l’anglo-saxon » comme d’autres tendances. Mais je dois rajouter que le concept français dans le discours ne correspond pas au ressenti réel en France (y compris chez les intellectuels) qui est parfois très ethnique (la baguette, le béret, « la » langue, les fromages, etc.).

Bretons, nous avons le concept de « Francie » qui est la France sans ses minorités nationales ni territoires d’outre-mer. Nous l’appelons « Bro-C’hall ». La France avec ses minorités est plutôt appelée « Ar Frañs ». J’avoue préférer d’autres termes moins ambigus, tel « Ar C’hwec’hkogn ». Ce double concept breton est parallèle au double concept d’Angleterre et de Grande-Bretagne.

Tous les groupes humains sont partagés par toutes les tendances politiques. On a réussi à faire croire que toute revendication bretonne était de nature réactionnaire et même d’extrême droite. On a odieusement caché que des militants « nationalistes » bretons étaient dans la Résistance (notamment dans la région de St Nazaire, mais pas seulement) et en sont morts, comme on a occulté une aile démocrate et de gauche dans le mouvement breton de l’entre-deux guerres.
Dans le livre, j’explique mon regard sur le terme « nationaliste ».

On a, de la même manière, fait croire que la division du breton en dialectes était une tare bretonne au lieu d’être une règle universelle partagée par le Monde entier.